RDC : la construction des sauts-de-mouton est aussi une affaire des femmes

RDC : la construction des saut-de-moutons est aussi une affaire de femme

Les femmes sont nombreuses à travailler sur les chantiers des sauts-de-mouton. Elles s’intéressent également aux grands travaux publics. La rédaction Femme d’Actualité.cd vous amène à la rencontre de certaines d’entre elles.

Dominic, Céline et Alice travaillent sur les chantiers des sauts-de-mouton. Munies de leurs casques, bottines noires et des gilets de haute visibilité, elles assurent la coordination des travaux, veillent à l’environnement et procèdent aux relevés métriques au sein de chantiers.

 

la construction des saut de mouton, une affaire de femme aussi!

 Ce jour là, à  peine sorties de leur pause, Dominic et Céline (toutes deux ingénieures) se lancent dans une discussion avec le superviseur du chantier. Elles doivent apporter des retouches aux plans tracés sur le papier. Dominic Cirezi explique : “Quand nous remarquons qu’une chose n’est pas correcte, nous en parlons à nos chefs. Nous analysons ensemble et s’il se trouve que nous avons raison, notre proposition s'exécute. Les chefs et tous les travailleurs sont toujours disposés à nous écouter,” confie Dominic qui se veut rassurante “une grande partie du travail est déjà amorcée. Il nous reste quelques mois pour terminer la construction.”

A Socimat, elles veillent au respect des normes de construction, des engins lourds à utiliser pour creuser le sol ou transporter des caillasses mais aussi aux tâches données à chaque ouvrier. “Nous supervisons les travaux tous les jours. Nous faisons la ronde du chantier deux à cinq fois au cours de la journée afin de nous assurer que tous les ouvriers ont bien suivi les instructions du chef de chantier et que les travaux évoluent sans beaucoup de peine,” explique Céline Alema, devant un bulldozer. Elle renchérit : “Tout à l’heure, nous venons de vérifier la largeur du godet (élément mécanique en acier fixé à l'extrémité du bras d'une pelle mécanique ou d'une grue Ndlr), de l’excavateur (machine destinée à creuser le sol, à faire des déblais Ndlr) pour savoir s’il fallait utiliser le grand excavateur ou le petit pour creuser la terre sans pouvoir toucher au pieu (élément de construction en béton, acier, bois ou mixte permettant de fonder un bâtiment ou un ouvrage).” 

Cap vers le chantier saut-de-mouton RTNC, sur l'ex-avenue du 24 Novembre. Sous un soleil environnant 32°C, Alice Tshakoma travaille aux côtés des hommes. Elle fait office d’environnementaliste du chantier. “C’est depuis le mois de juin que je suis ici.Je m’occupe de tout ce qui a trait à l’impact environnemental par rapport à cette construction. Je m’occupe également de l’aspect assainissement du chantier.” 

Comment ces femmes ont-elles intégré le projet ?

Avant d'intégrer le projet, les ingénieures ont sollicité un stage professionnel au sein de la société Safricas, qui travaille en collaboration avec l’Office des voiries et drainage (OVD). “Au départ, j’étais venue pour un stage académique. Vers la fin du stage, j’ai introduit une demande de stage professionnel. J’ai déjà épuisé deux mois du temps accordé”, dit Céline, étudiante de 3ème année BTP à l’Institut National des Bâtiments et Travaux publics (INBTP) de Kinshasa, qui rêve de piloter des grands projets de construction. “Je voudrais être chef de plusieurs travaux publics en RDC et à l’international.” 

Dominic Cirezi a fait ses études à Kampala (Ouganda) avant de rejoindre Kinshasa, il y a environs cinq mois.  “J’ai terminé mes études en génie civile à l’Université internationale d’Afrique orientale (IUEA, en sigle). Une fois à Kinshasa, j’ai sollicité un stage professionnel au sein de la même société. Les responsables ont approuvé la demande et j’ai été très vite rappelée. J’ai débuté mon stage en juillet et je vais le terminer à la fin du projet.”

Contrairement à Dominic et Céline, Alice a sollicité un stage professionnel à l’OVD : “J’ai terminé mes études en géographie, gestion de l'environnement à l’Institut Supérieur Pédagogie, en 2017. Pendant mes études, j’ai participé à plusieurs ateliers sur la femme et ses capacités intellectuelles. J’ai aussi fait des activités de terrain. Je voulais travailler dans un tel milieu dominé par la présence masculine et faire valoir mes connaissances. C’est ainsi que j’ai introduit la lettre de stage à l’OVD et j’ai obtenu l’approbation des responsables de la société.”  

Favoriser la parité même dans les travaux publics !

Interrogés à propos de la participation réduite des femmes, certains chefs des chantiers n’ont pas voulu s’exprimer. Cependant, quelques-uns d’entre eux ont évoqué le fait que les femmes n’aient pas déposé des demandes. C’est le cas de l’ingénieur Magloire Kisanga, chef du chantier RTNC : “Nous n’avons qu’une seule femme dans ce chantier parce qu’elle est l’unique à avoir postulé. Nous voulons tous favoriser la parité, même dans le secteur des travaux publics en RDC, mais les femmes n’ont pas été nombreuses à postuler

Par ailleurs, les trois jeunes femmes ont signifié que dans certains chantiers tels que celui du quartier Debonhomme ou Tshangu, le long du boulevard Lumumba, il y a au moins une femme qui y travaille. Le trésor public a mis à la disposition de l’Office des Voiries et Drainage (OVD) environ 17 532 165,52 USD, depuis le 28 mars 2019. A son tour, l’OVD a fait recours à l’expertise d’autres entreprises de construction pour effectuer les travaux de construction des sauts-de-mouton à Kinshasa.

Prisca Lokale