Léopards U23 football : Le contour du dossier Arsène Zola !

Arsène Zola

La commission de discipline de la Confédération africaine de football (CAF) a décidé d’éliminer la sélection de la RDC de l’édition en cours de la CAN U23 et de suspendre la FECOFA de participer à l’édition prochaine de cette compétition, telle était l’annonce de la Fédération Royale Marocaine de Football reprise en boucle par les médias marocains dans l’après-midi du mercredi 24 avril. Comme un crochet en plein visage, la nouvelle a été accueillie comme une rumeur avant, peu après, d’être prise au sérieux quand les médias du continent en ont fait la une. La nouvelle a été aussitôt confirmée par une source à la FECOFA. Cette source a révélé qu’une réplique de l’organe faîtier du football congolais devrait suivre dans les 72 heures. Il est reproché à Arsène Zola, capitaine des Léopardeaux de dépasser l’âge de 23 ans avant la double confrontation contre les Lionceaux du Maroc.

Le joueur incriminé était-il éligible ? Possède-t-il deux identités ? Qui est à la manœuvre de cette situation ? C’est qui le fautif ? Qu’est-ce qui se passe réellement dans le dossier Arsène Zola ? Les chances de la FECOFA dans ce dossier ? Voilà tant des questions auxquelles votre rédaction a essayé de répondre après avoir remonté l’histoire et recoupé les faits.

L’identité troublante et l’éligibilité du joueur !

Si pour les compétitions interclubs pour être qualifié, le joueur doit posséder la licence octroyée par l’organisateur, en sélection le document exigé est le passeport en cours de validité. La sonnette d’alarme étant tirée après le repêchage d’Arsène Zola par le sélectionneur Christian Nsengi Biembe alors qu’il ne figurait pas sur la liste initiale de 27 présélectionnés, deux passeports, l’un de 2013 et l’autre de 2016 filtrent de la FECOFA. L'arrière Arsène Zola Kiaku est identifié avec la date de naissance du 23 février 1997 dans ses documents authentiques délivrés par le ministère congolais des Affaires étrangères. S’il fallait s’en tenir à ce document qui, d’ailleurs, est le seul faisant foi pour la qualification du joueur en sélection (Cfr article 35 point 1 du règlement), Zola était éligible !

Mais… sur le site de la CAF, tout comme sur celui de son club, le TP Mazembe, le défenseur international congolais est identifié avec la date de naissance du 23 février 1996. C’est-à-dire le 23 février 2019, Arsène Zola avait atteint l’âge de 23 ans, donc inéligible pour la sélection Espoir. Du coup, il ne devrait pas prendre part à cette double confrontation contre le Maroc, programmée un mois après son 23ème anniversaire. L’article 35 point 2 alinéa 1 du règlement du tournoi stipule : Seuls les joueurs âgés de moins de 23 ans sont qualifiés pour participer aux éliminatoires et au tournoi final.

« En enregistrant Zola pour la CAN U23, ils ont mis 1997. Mais à la CAF où il est enregistré depuis 2016, c'est 1996 », révèle un collaborateur du TP Mazembe.

La ligue de football de jeunes qui suit les sélections des jeunes dit avoir à sa possession l’acte de naissance et le jugement supplétif ainsi que les deux derniers passeports d’Arsène Zola.

« En effet, le joueur ZOLA KIAKU Arsène a participé au Tournoi U17 d’Oslo en Norvège en 2013 avec le passeport semi-biométrique, ce document officiel renseigne que le jouer est né le 23 février 1997, numéro OB 0510609, délivré par le Ministère des Affaires Etrangères de la RDC, le 5 juin 2013. Le même athlète a pris part au match amical contre le Maroc à Rabat, le 17 juillet 2017, avec le passeport biométrique, en cours de validation, dont la date de naissance n’est autre que le 23 février 1997. Ce passeport porte le numéro SP 0003084, délivré par le ministère des Affaires Etrangères le 2 décembre 2016. L’Athlète ZOLA Arsène a également participé au Tournoi U20 des Jeux de la Francophonie à Abidjan 2017 en Côte d’Ivoire (organisé par la Caf avec enregistrement des joueurs au système) où il a joué respectivement contre le Canada, l’Haïti, la France, le Maroc et le Mali », a détaillé la ligue nationale de football des jeunes dans une mise au point mercredi soir.

Les sources proches du dossier avaient même rassuré que la CAF avait donné l’autorisation de faire jouer Arsène Zola. La lettre ? à une autre source auprès de la FECOFA de préciser avec regret que c’était verbal. On se laisse poser la question sur la véracité de l’information fournie à l’époque par les proches de la sélection.

Qui du club et de la fédération, aurait été à la manœuvre de ce qui paraît comme erreur administrative ? Cette question reste pendante ! La FECOFA est jusqu’à présent restée muette sur ce dossier pourtant brulant.

La FECOFA peut interjetée appel !

L’article 40 point 1 du règlement du tournoi U23 dit que toute réserve visant la qualification des joueurs prenant part aux matchs de la compétition ne doit être traitée à condition que la réserve préalable doit être motivée, formulée avant la rencontre sur la feuille du match, par le capitaine de l’équipe réclamante et portée à la connaissance du capitaine de l’équipe adverse et contre-signer par ce dernier. Zola capitaine de la sélection, avait-il signé un document contestant sa propre éligibilité ? où la démarche des marocains était mal orientée ? Du moins l’article 41 du même règlement donne toute fédération qui se sent lésée par une décision du comité d’organisation et de discipline la possibilité d’interjeté appel. Cette dernière doit parvenir au secrétariat général de la CAF dans les 3 jours qui suivent la notification de la décision du comité de discipline.

Mais, il est aussi curieux de constater que l’article 44 point 2 alinéa 2a du règlement précise que : Tout joueur de cette tranche d’âge qui a participé aux compétitions interclubs de la CAF ne doit pas être qualifié à participer à la CAN U23 si la date de naissance figurant sur sa licence est différente de celle inscrite sur son passeport. Il est même demandé au commissaire au match et à l’arbitre d’interdire à tout joueur figurant sur la liste leurs transmise 90 minutes avant match par la sélection qui ne répond pas aux normes de qualifications de prendre part au match (Cfr Article 45 alinéa 3 du règlement). La responsabilité des officiels ? La CAF précise dans le même alinéa qu’il se réserve  le droit de sanctionner toute défaillance.

Rêve brisé, toute une génération en passe d’être sacrifiée !

Héroïque au match retour à Rabat malgré la défaite (1-0), le défenseur axial Arsène Zola n’avait pourtant pas été d’une importance extrême au match aller où il avait quitté ses coéquipiers après une demi-heure de jeu sur blessure à la tête. Les Léopardeaux avaient marqué par deux fois sans encaisser à son absence pour une victoire (2-0). Après une double confrontation convaincante au premier tour face au Rwanda, avec un cinglant 5 buts à zéro, à Kinshasa, cette sélection avait conquis les supporters congolais qui commençaient à rêver après l’élimination du Maroc. La présence au stade des parents et famille de certains joueurs expatriés, à l’instar de William Balikwisha (Standard de Liège) ou encore Miguel Quintas (Eupen/Belgique) était un exemple d’un parfum de bonheur dans cette sélection olympique qui s’était mise sur le chemin du Mali pour valider son ticket à la phase finale prévue en fin d’année en Egypte. Encore une fois la possibilité de voir une sélection football aux jeux olympique s’envole…Pour le moment !

Fonseca MANSIANGA