Le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'Union Africaine a demandé la levée de toutes les sanctions individuelles imposées par l'Union Européenne (UE) à l’encontre des personnalités congolaises, « afin de créer un environnement propice à la tenue d’élections libres, transparentes et apaisées en RDC ».
Cette prise de position officielle est consécutive à une offensive diplomatique menée notamment auprès des organisations régionales dont l’UA.
Déjà le 4 Juillet 2017, les chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union Africaine, réunis en leur 29ème Sommet ordinaire, ici même à Addis Abeba, avaient dénoncé et condamné les sanctions imposées par l’Union européenne à plusieurs personnalités congolaises dont Emmanuel Ramazani Shadary, qui porte les couleurs de la majorité présidentielle au scrutin du 23 décembre.
Cette condamnation a été relayée à la Réunion du Mécanisme Tripartite de Dialogue et de Coopération entre la RDC, l’Afrique du Sud et l’Angola, en date du 13 juillet, à Luanda.
« Pour mon gouvernement, l’Union Européenne doit procéder à la levée de ces sanctions pour confirmer sa neutralité dans l’accompagnement du processus électoral en République Démocratique du Congo, processus voulu apaisé et pour lequel l’un ces candidats validé pour la présidentielle, en l’occurrence Mr Emmanuel Ramazani Shadari, est concerné par ces sanctions comme cela a été signalé auparavant », avait également plaidé le 19 novembre au Conseil de Paix et de Sécurité Kikaya Bin Karubi, chef du collège diplomatique de Joseph Kabila.
Kikaya Bin Karubi est l’invité d’ACTUALITE.CD ce mardi.
Interview.
Pourquoi le fait de lever ces sanctions est-il important en cette période, particulièrement ?
Nous sommes d’avis qu’imposer des sanctions à nos personnalités dont Emmanuel Ramazani Shadary, candidat à la présidence de la République, est une manière de s’ingérer indirectement dans le processus électoral, parce que les gens risquent de se poser des questions de savoir pourquoi Ramazani Shadary ne peut pas voyager en Europe (…). Nous estimons que pour cela que l’Union Européenne devrait éviter d’être taxée d’une organisation internationale qui s’ingère dans le processus électoral de la RDC. Et j’espère maintenant que l’UE prêtera une oreille attentive à notre demande.
Pensez-vous que la question de la Maison Schengen doit être liée à celle relative aux sanctions prises par l’UE ?
En même temps qu’on a fermé la Maison Schengen, on a retiré l’immunité diplomatique de cette maison. On a également réduit la fréquence de vols de la compagnie de SN Brussels. On a également mis fin aux activités d’ENABEL, qui est l’agence de coopération belge. En son temps, preuve à l’appui, nous nous sommes rendus compte que c’était la Belgique qui était à la base de cette mauvaise humeur qui existe maintenant entre l’UE et la RDC. C’était des mesures de rétorsion qui étaient motivées par des activités politiques menées par la Belgique, qui gérait la Maison Schengen, ici. C’est pour cela qu’on ne peut pas nous demander la réouverture de la Maison Schengen alors que les causes qui ont conduit à sa fermeture sont encore présentes.
Quel est aujourd’hui votre message aux dirigeants européens ?
La RDC est un Etat indépendant et souverain. Nous, au Congo, nous n’acceptons pas une ingérence de quelque manière que ce soit et à n’importe quel niveau dans nos affaires intérieures. A chaque fois qu’un pays étranger ou organisation étrangère s’ingère dans nos affaires, nous allons appliquer cette règle qui est contenue dans la convention de Viennes, et qui veut que les mesures réciproques soient appliquées lorsqu’un pays étranger s’ingère dans les affaires internes de la RDC. Nous sommes très jaloux de notre indépendance et de notre souveraineté.