Cinéma : projection à Kinshasa de “Munganga, celui qui soigne”, le film qui revient sur le rôle de Denis Mukwege en faveur des victimes des violences sexuelles

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Le cover du film “Munganga, celui qui soigne”

A l’initiative de Pona Congo, “un réseau des passionnés du Congo”, le Centre Culturel et Artistique pour les pays d’Afrique Central a été mouvementé par la projection de l’avant-première du film « Munganga, celui qui soigne », un long métrage qui revient sur le rôle reconnu de réparateur des femmes victimes des violences sexuelles du docteur Denis Mukwege dans son hôpital de Panzi (Sud-Kivu), a été projeté dimanche 5 octobre à Kinshasa, en présence de plusieurs officiels et du concerné.

Ce film est inspiré du livre “Panzi”, coécrit par Mukwege sur fond des témoignages des victimes. Sorti à Paris, en France, cette fiction commence avec un Mukwege discourant devant des diplomates dans une rencontre des Nations-Unies, dénonçant l’horreur qui taraude l’esprit des femmes de l’est, régulièrement victimes des violences sexuelles dans le contexte de conflit armé entre la RDC et le Rwanda, pour le contrôle des minerais stratégiques que regorgent ces terres-là.

Réalisé par Marie-Hélène Roux et produit par la Française Cynthia Pinet et l’Américaine Angelina Jolie, « Munganga, celui qui soigne », dans lequel Isaac Bankole double Denis Mukwege, est une succession des images horribles, qui illustrent de la meilleure manière la violence avec laquelle les rebelles investissent des familles, tuent et violent, les menaces de mort qu’essuyait sans cesse le prix Nobel de la paix, de retour aux USA, avec deux médecins chirurgiens de la nationalité belge, venus à Panzi pour renforcer le combat du gynécologue de renom, pour les femmes aux appareils génitaux détruits.

Pendant la projection dans une salle noire, mêlant des Congolais et des étrangers, ce sont des cris qui se font entendre à chaque fois qu’une séquence effroyable passe, des hommes et des femmes réalisant ce qui ressemble à l’enfer sur terre que les populations vivent dans les provinces de l’Est de la République Démocratique du Congo.

Invité à un panel, le prix Nobel de la paix 2018 explique que les violences sexuelles, utilisées comme arme de guerre, et perpétrées en public devant des enfants, ne font pas des conséquences que sur les victimes, mais également sur les membres des familles traumatisés par ces actes. Il crie contre l’indifférence de la communauté internationale en dépit d'initiatives contre ces fléaux.

« Le viol est utilisé comme une arme de guerre dans cette région, cela veut dire que ce sont des viols qui sont méthodiques. Mais le fait que ça se fait souvent en public, devant les enfants, devant les maris, devant la communauté, ça entraîne des conséquences qui sont massives sur la population, puisque finalement, ce n'est pas seulement la victime qui va souffrir, mais le mari qui voit son épouse torturée en sa présence et qui ne peut rien faire. Nous avions fait des publications scientifiques, nous avons écrit des bandes dessinées et des films documentaires, on avait toujours l'impression que le monde ne voulait pas regarder en face ce qui se passe en République démocratique du Congo », a dénoncé Denis Mukwege.

L’ex directeur de l’hôpital de Panzi plaide pour « la reconnaissance du viol de masse comme arme de guerre et son inscription dans le droit pénal international. »

« Avec ce film, j'ai constaté que les gens qui ne peuvent pas supporter le film documentaire sont venus en masse pour regarder ce film. Et tout ce que je pouvais sentir, c'est cette indignation. Souvent, je disais pourquoi il y a une indignation qui donne l'impression d'un double standard, mais lorsqu'on regarde ce film, je pense qu'il y a toutes les raisons de pouvoir se poser des questions », a-t-il ajouté.

Représentant la première ministre, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, considère ce film comme un puissant outil, essentiel pour la poursuite de la sensibilisation et la mobilisation sur les violences sexuelles en RDC.

Samyr LUKOMBO