Le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, a visité mercredi 3 septembre dernier l’exposition « Résilience » au Centre Wallonie-Bruxelles à Kinshasa. Une initiative artistique portée par la structure Elykia Arts, en collaboration avec la Délégation Wallonie-Bruxelles en République Démocratique du Congo, qui met à l’honneur les jeunes artistes plasticiens du Nord-Kivu, soutenus par certains de Kinshasa.
Impressionné par la créativité et la profondeur des œuvres exposées, le ministre Patrick Muyaya a exprimé son admiration et rappelé son attachement aux beaux-arts.
« Ce sont des artistes de Goma qui, à leur manière, veulent contribuer dans ce que nous faisons pour mettre fin à cette situation d’agression qui s’accompagne avec son corollaire de misère. J’ai été impressionné de voir cette attention particulière qui a été accordée à la femme, parce que nous savons tous que la femme, c’est la principale victime de la guerre et tout ce côté de résilience qui est raconté à travers les différentes œuvres », a déclaré le ministre.
Et d’ajouter :
« J’avoue que je savais que nous avions des talents, mais là, je pense que nous en avons vraiment beaucoup plus qu’on ne peut le penser. On ne peut que nous réjouir de voir que de manière spontanée, les artistes se soient organisés pour qu’à travers leur peinture, à travers leur inspiration, puissent dire non à la guerre, puissent dire oui à la résilience. Et vivement, le retour de l’avenir ».
L’exposition a permis à des artistes tels que Chika Léon, Didier Binyungu, Silva Ndabu, Jack Essimbo, Edith Congane et Arnold Chibanguka de présenter leurs œuvres. Ces talents émergents ont bénéficié du soutien et de l’expérience d’artistes confirmés comme Francis Mapuya, Denis Matemo, Mosengo Shula, Seleroi Mukama, Baraka Flory Enyejo, Glory Kanga et Steve Bandoma, qui ont partagé leur savoir à travers des résidences artistiques inspirantes.
Edith Kongani, curatrice de l’exposition, a souligné le rôle essentiel des artistes dans la société et la nécessité de mettre en lumière la résilience des femmes.
« Sachant que l’artiste a un rôle à jouer dans la société, alors on s’est dit qu’on pouvait quand même représenter la femme à Kinshasa, parce qu’ici, on l’entendait loin, mais il fallait leur faire vivre cela, mais pas d’une manière qui est atroce, mais d’une manière qui montre que la femme est forte, que la femme est résiliente, qu’elle peut faire quelque chose. On a voulu rendre hommage à cette femme parce que chaque femme qui saura qu’elle a été représentée à Kinshasa sera un plaisir pour elle, elle saura qu’elle est écoutée, que ses cris ne sont pas rejetés », a-t-elle expliqué.
Et d’ajouter :
« Alors nous, en tant qu’artistes, on est là pour parler à celles qui ne peuvent pas parler. Résilience parce que cette capacité de renaître et de se sentir, de dire non, de dire qu’on peut toujours se relever, qu’on a une vie à vivre, qu’on ne peut pas rester… Malgré la guerre. Oui, malgré la guerre. Oui, malgré la guerre, oui, oui, parce que la vie ne s’arrête pas par là. Si on l’a survécue, alors on doit continuer. Le parcours est encore long et on doit combattre pour ça ».
De son côté, la directrice du Centre Wallonie-Bruxelles, Cecile Djunga, a partagé l’émotion ressentie lors de sa rencontre avec le collectif Elykia Arts.
« En novembre 2024, je ne savais pas que je reviendrais changée. Là-bas, au bord du lac Kivu, entourée des montagnes et volcans, j’ai découvert Elikia Arts : un lieu de création, de beauté et de survie. Un centre culturel où l’art devient souffle, cri, pansement. Où les artistes continuent de créer alors même que le monde autour d’eux semble s’effondrer. J’ai été saisie par la justesse, la fraîcheur, l’intensité des œuvres. Elles ne racontaient pas la guerre comme on la voit de loin. Elles la chuchotaient avec des couleurs, la hurlaient en textures. Elles parlaient des femmes. De leur courage face à l’innommable. De leur silence brisé par la peinture, le dessin, la lumière », a-t-elle insisté.
L’exposition « Résilience » a ouvert ses portes le dimanche 13 août et se poursuivra jusqu’au samedi 27 septembre 2025, offrant aux visiteurs une immersion dans l’art comme acte de résistance et d’espoir.
Kuzamba Mbuangu