Le gouverneur militaire de l'Ituri, le lieutenant général Johnny Luboya a, dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, dénoncé certains comportements qui selon lui fragilisent les opérations militaires en cours dans sa zone d’opération mais aussi dans l'ensemble de la partie Est de la République Démocratique du Congo. Il a tiré la sonnette d’alarme sur la présence de militaires fictifs au sein des effectifs de l’armée dans sa juridiction ainsi que les détournements des soldes destinées aux militaires, aux veuves et orphelins de ceux tombés au front. Une manière pour lui de fustiger indirectement le travail de l'Inspectorat Général des Forces Armées de la République Démocratique du Congo.
Mardi, le porte-parole de l’armée s’est exprimé sur cette question affirmant que nombreux orphelins et veuves ne répondent pas aux critères.
"La question c'est dans la procédure la plupart des veuves, orphelins que vous voyez crier ce sont des veuves et orphelins qui ne répondent pas aux critères et chaque fois lorsque l'Inspectorat Général des FARDC descend sur terrain pour contrôler, il y en a ceux qui n'arrivent pas et qui n'ont même pas le dossier approprié. Un soldat qui vient de terminer sa formation, exemple ceux qui viennent d'être recrutés dernièrement, la loi dit qu'ils doivent s'engager pour 7 ans d'exercice. Pendant ces 7 ans avant de renouveler son engagement, son contrat, il doit rester célibataire sans enfants", a expliqué le général major Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC.
Si ce délai de 7 ans n'est pas respecté, tout mariage ou naissance d'enfants est considéré comme illégal selon la loi portant statut des FARDC.
"Mais lorsqu'il est aux opérations,il se marie, ce mariage est illégal, illégitime dans les yeux de l'armée puisque l'armée ne prend jamais en compte ce mariage là même les enfants qui sont nés de ce mariage. Pourquoi ? Parce que la loi dit que le soldat doit rester célibataire jusqu'à l'accomplissement de ses 7 premières années", a-t-il ajouté.
S'agissant des officiers, Sylvain Ekenge a souligné qu'il y a également une démarche à suivre pour qu'une femme ou les enfants soient reconnus officiellement par l'armée et bénéficier des avantages même en cas de décès.
"Il y a des principes qu'on doit respecter, pour les officiers c'est la même chose. Je donne l'exemple d'un officier qui va au front, on ne peut pas trouver un général célibataire, il y en a pas. Et lorsque le général se déplace aux opérations, un colonel se déplace aux opérations, il a son épouse quelque part enregistrée dans la base des données de l'armée, mais lorsqu'il part et trouve une femme quelque part là où il est en opération et la femme va croire que c'est son mari le jour où le contrôle vient ou en cas de décès, on vous demande d'apposer le doigt dans le dispositif il n'y a aucune information, on met le numéro matricule on voit la photo et les informations de son épouse légitime et elle seule enregistrée et les enfants qui seront reconnues", a expliqué le porte-parole des FARDC.
Quid de la procédure ?
"La première personne concernée est le commandant de l'unité. Je suis commandant d'une unité, dernièrement j'ai perdu un colonel, un caméraman. Ce que je dois faire c'est quoi ? Envoyer le télégramme à la hiérarchie pour signifier le décès, informer la hiérarchie du décès. Je dois constituer son dossier et l'envoyer pour la rente de survie si le cas de décès est survenu sur le terrain des opérations, il y a un rapport qui est envoyé à la hiérarchie et ce rapport sera suivi d'un dossier constitué qu'on doit envoyer jusqu'à l'état-major général via la voie hiérarchique pour que la rente de survie et tous les frais y afférents soient débloqués. Une fois à l'administration centrale à l'état major général, le sous Chef d'état-major chargé de l'administration s'en occupe, traite le dossier et fait rapport au niveau du ministère de la défense au secrétariat général à la Défense qui s'occupe du reste", a relaté Sylvain Ekenge.
Il sied de signaler que la question relative à la gestion des ressources humaines dans l'armée est gérée au niveau de l’Inspection générale des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Ces dénonciations du gouverneur militaire de l'Ituri interviennent dans un contexte où le pays fait face à l'agression Rwandaise via la rébellion du M23.
Clément MUAMBA