Fermeture des banques dans les zones occupées par l’AFC/M23: le gouvernement rejette les responsabilités et évoque "des conditions de sécurité pour les épargnants"

Une partie du boulevard Kanyamuhanga comprise entre rond-point singers et rond-point chukudu en ville de Goma/Ph Ley Uwera ACTUALITE.CD

Depuis peu avant l'occupation des villes de Goma (Nord-Kivu) et Bukavu (Sud-Kivu) par la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda, les banques et d’autres institutions financières ont arrêté de fonctionner dans cette partie du pays. La relance de la CADECO par les autorités de la rébellion n'a pas pu donner des résultats escomptés et cette situation a une fois de plus aggravé la précarité de ces populations meurtries par les affres de la guerre et des violences. La CADECO servant uniquement au paiement des taxes instaurées par les rebelles.

Depuis un temps des voix ne cessent de s'élever pour demander aux autorités de Kinshasa d'ordonner la réouverture des banques pour soulager tant soit peu ces populations. En réaction, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya a tenu à préciser que ces institutions ne sont pas fermées du fait de la volonté du gouvernement mais plutôt suite aux  conditions de sécurité des épargnants.

"J'entends des bruits du genre, Kinshasa punit les populations du Kivu parce que le secteur bancaire n'est pas opérationnel. Quelle est la banque qui va accepter de travailler avec un mouvement qui est sous sanctions américaines ? Qu'on ne vous trompe pas, ces supplétifs n'ont pas le droit d'utiliser d'aucune manière le dollars américains et d'ailleurs s'il y a des cas enregistrés, pour tous ceux qui sont des témoins dans le Nord-Kivu des opérations qu'ils commettraient il faut le signaler parce que l'OFAC (NDLR: Office of Foreign Assets Control, agence américaine du Département du Trésor chargée d'administrer et d'appliquer les sanctions économiques et commerciales contre des pays, des organisations ou des individus) va les sanctionner. Les banques ne sont pas fermées du fait de notre volonté (NDLR : Gouvernement), mais du fait du fonctionnement du système et des conditions de sécurité y compris pour les épargnants", a dit Patrick Muyaya mardi 3 juin 2025 lors d'un briefing de presse.

Il dit espérer que les différentes initiatives de paix en cours vont s'accélérer en vue de mettre fin aux souffrances des populations congolaises sous contrôle de la rébellion soutenue par le Rwanda.

"Le Président de la République et nous tous gouvernement, nous travaillons à donner un coup d'accélérateur à tous les processus qui sont en cours, cette situation doit vite s'arrêter. Les bouchers de Goma doivent Je rappelle la nécessité pour nous tous de rester mobilisés,la nécessité pour nous tous d'exprimer toujours le sentiment de soutien et de solidarité aux populations qui sont affectées", a-t-il lancé.

Dans son dernier discours, Joseph Kabila avait accusé le gouvernement d’avoir « abandonné » les populations de l’Est et de les avoir « punies », notamment en « déconnectant les institutions financières locales du réseau bancaire national » et en « restreignant les mouvements des personnes et des biens ». « Ces décisions et bien d’autres vous asphyxient et rendent votre vie plus précaire que jamais », a-t-il poursuivi. Appelant à « humaniser les conditions de vie » dans cette partie du pays, l’ex-chef de l’État a exhorté les autorités à « protéger la population » et a souligné que « l’armée, la justice et les autres structures en charge de l’ordre et de la sécurité doivent être véritablement au service de la population et répondre à ses aspirations ».

Les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) ont également exprimé leur inquiétude face à la persistance de la crise multiforme qui secoue la République démocratique du Congo (RDC). Dans un message rendu public vendredi 16 mai 2025, ces leaders religieux déplorent la crispation du climat politique et la détérioration de la situation socio-économique surtout dans les zones sous contrôle de la rébellion AFC/M23 soutenue par le Rwanda. Pour eux, la fermeture des banques et des aéroports dans les territoires sous le contrôle de l’AFC/M23, impose à plusieurs familles les conditions de vie difficiles et précaires.

Clément MUAMBA