Éventuel accord minerais et paix entre la RDC et les USA : "C'est très dangereux après tout ce qu'il a fait qui n'a pas marché de procéder à un troque sécuritaire" (Delly Sesanga)

Delly Sessanga
Delly Sessanga, président national du parti Envol et Candidat déclaré à la Présidentielle de 2023

L’éventualité d’un accord entre la République démocratique du Congo (RDC) et les États-Unis, visant à échanger l’exploitation des ressources minérales stratégiques contre une aide sécuritaire, suscite de vives réactions dans la sphère sociopolitique congolaise. Ce projet intervient alors que le pays fait face à une agression persistante dans l’Est, attribuée au Rwanda via la rébellion du M23.

En marge de sa tournée diplomatique à Washington, Delly Sesanga, député national honoraire et président du parti Envol, a exprimé ses inquiétudes face à cette approche du président Félix Tshisekedi. Pour lui, la réforme de l’armée demeure la seule voie crédible vers la sécurité nationale.

« Il est très dangereux, après tout ce qui a échoué, de procéder à un troc sécuritaire. La sécurité du Congo passe par une armée réformée, crédible et capable de défendre le territoire », a-t-il affirmé dans une interview accordée à ACTUALITE.CD.

Sesanga s’interroge également sur la transparence entourant les discussions. « Quels sont les engagements pris ? Quels gisements sont concernés ? Ont-ils été certifiés ? Que vend-on réellement aux Américains ? ».

Selon lui, l’attractivité économique du pays repose avant tout sur un climat d’affaires sain, un État de droit, une fiscalité stable et des infrastructures adaptées.

Interrogé sur la pertinence de ce type d’accord pour mettre fin aux violences dans l’Est du pays, il a rappelé son opposition historique au contrat chinois signé sous Joseph Kabila. 

« Le Congo reste enfermé dans un modèle économique hérité de la colonisation, basé sur l’exportation brute de ses ressources. Il est temps de repenser notre développement à l’échelle nationale », a-t-il plaidé.

Sur la question du Fonds minier pour les générations futures (FOMIN), Sesanga demande plus de clarté.

« Comment sont gérés les fonds ? Où sont les garanties pour les investisseurs américains face à la corruption, aux tracasseries fiscales et judiciaires ? », s’interroge-t-il.

Il estime par ailleurs que le gouvernement congolais mise à tort sur des solutions extérieures. 

« On nous a promis les Kényans, les mercenaires, les Wazalendo… mais la paix ne se décrète pas. Elle se construit avec une vision claire, du courage et de la rigueur », a-t-il conclu.

Pour sa part, le président Félix Tshisekedi, dans une interview au Figaro, a assuré ne pas vouloir « brader les minerais » mais chercher un partenariat équilibré permettant la transformation locale des ressources et la création de valeur.

Le département d’État américain a confirmé être disposé à discuter avec Kinshasa d’une coopération sur l’exploitation des minerais stratégiques, tout en envisageant un soutien sécuritaire à la RDC.

Clément MUAMBA