Kwango : plus de 10 000 déplacés après les récentes attaques des miliciens Mobondo à Popokaba

les déplacés dans une école à Nyiragongo.
Des déplacés dans une école dans le territoire de Nyiragongo

Les stigmates des récentes incursions des miliciens Mobondo sont encore visibles dans le secteur de Lufuna, territoire de Popokaba, dans la province du Kwango. Entre le 6 et le 12 décembre 2024, ces attaques ont causé des dégâts importants : près de 150 habitations incendiées, cinq ponts détruits et un pillage systématique des localités touchées, selon un rapport d’une ONG locale.

À ce jour, 10 346 personnes, soit 679 ménages, ont fui leurs villages pour se réfugier dans des zones jugées sécurisées, notamment dans la cité de Popokaba. Parmi les déplacés figurent 2 870 enfants, ainsi que de nombreuses femmes enceintes, allaitantes. Les conditions de vie des déplacés sont décrites comme précaires. L’ONG PRODELMA (Programme de développement de lutte contre les maladies) rapporte également un bilan de 117 blessés et 170 morts depuis la recrudescence des violences liées aux miliciens Mobondo dans cette région du Grand Bandundu.

Ces violences ont donné lieu à des affrontements sanglants entre la milice et les Forces armées de la RDC (FARDC). Le 7 décembre, l’armée a annoncé avoir neutralisé 17 miliciens et capturé quatre autres lors d’une opération qui a également permis de récupérer 13 armes et plusieurs munitions. D’autres combats, survenus le lendemain, ont conduit à la mort de quatre miliciens supplémentaires et à la saisie de neuf armes. Cependant, l’armée a perdu deux de ses soldats et déplore trois blessés.

Ces événements ont semé la panique dans la région, vidant plusieurs agglomérations, notamment vers les centres de Popokaba et Kasongolunda. La psychose généralisée a paralysé les activités économiques et sociales, aggravant la détresse des populations déjà fragilisées.

Popokaba est le deuxième territoire affecté par l'activisme du phénomène Mobondo dans le Kwango.  La province a été affectée le 12 mai 2023 lors d'une attaque des miliciens au village frontalier Batshongo (territoire de Kenge) sur la RN 1. L'incursion avait causé la mort de 11 personnes dont des hommes en uniforme, selon la société civile locale.  Pendant cette période, des corps sans vie ont été visibles sur la route stratégique et un fort déploiement de l'armée avait contribué à la reprise des activités paralysées sur cette voie, et le retour de la paix. 

Jonathan Mesa