Processus de Luanda: Kinshasa n'a jamais accepté de discuter directement avec le M23 (Document)

Les rebelles du M23 à Kibumba
Les rebelles du M23 à Kibumba

A la suite de l'annulation du sommet tripartite dimanche 15 décembre dernier à Luanda autour du Président angolais João Lourenço, médiateur désigné par l'Union Africaine, la République Démocratique du Congo et le Rwanda ne cessent de se rejeter la responsabilité de ce rendez-vous manqué par des communiqués interposés.

ACTUALITE.CD a accédé aux correspondances entre les ministres des Affaires étrangères du Rwanda, de la RDC et de l’Angola précédent le sommet tripartite qui devrait avoir lieu le 15 décembre dernier, et il n'a jamais été question d'une discussion directe entre Kinshasa et le M23. Kinshasa campe sur sa position de traiter la question des rebelles du M23 dans le cadre du processus de Nairobi. 

"Sans préjudice à la signature du présent Accord, le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC) s'accordent à ce que la question du M23 soit traitée dans le cadre du Processus de Nairobi, y compris les aspects relatifs à leur pré-cantonnement, cantonnement, ainsi que leur réinsertion sociale à travers le Processus de Désarmement, Démobilisation et Réintégration Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS)", indiquait Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires Étrangères de la RDC à la suite d’une correspondance de son homologue angolais, Tete Antonio.

Elle a poursuivi :

"Par ailleurs, et conformément aux conclusions du deuxième Conclave régional des Chefs d'État sur la République Démocratique du Congo tentu le 21 avril 2022 à Nairobi, il est réitéré que tous les groupes armés locaux actifs en RDC participeront sans condition au processus de Nairobi et que tous les groupes armés étrangers actifs en RDC devront désarmer et retourner immédiatement et sans condition dans leurs pays d'origine respectifs, sous peine d'être considérés comme des forces négatives".

Malgré l'annulation de la Tripartite du 15 décembre dernier, l'Angola reste actif dans la recherche d'une solution pour parvenir à la résolution pacifique du conflit entre Kinshasa et Kigali. Mercredi 18 décembre, un message du président de la République angolais João Lourenço a été livré à Kigali au président Paul Kagame du Rwanda par le ministre des affaires étrangères, Tete António. Le président João Lourenço agit en tant que médiateur nommé par l'Union africaine pour la recherche de la paix dans la région orientale de la République démocratique du Congo.

L’annulation de la tripartite est perçue comme un nouveau revers pour le processus de médiation angolais. La réunion ministérielle de samedi avait déjà été marquée par un retard de six heures dû à l’arrivée tardive de la délégation rwandaise, perturbant l’agenda initial et empêchant la tenue d’une audience symbolique entre João Lourenço et les délégations. Uhuru Kenyatta, ancien président du Kenya a été associé aux discussions en sa qualité de médiateur désigné dans le cadre du processus de Nairobi. 

Sur terrain, malgré le cessez-le-feu signé par les différentes parties prenantes à la crise, les rebelles du M23 soutenus par Kigali et qui ne se reconnaissent pas dans cet accord poursuivent des offensives contre les positions des Forces Armées de la République Démocratique du Congo. À l'heure où le processus de Luanda peine à donner des résultats escomptés, les rebelles du M23 profitent et continuent d'accroître leurs zones d'influences dans la province du Nord Kivu. De son côté, jusque-la, Kinshasa campe dans sa position de dialoguer directement avec les rebelles du M23. 

Clément Muamba