En définitive, vingt-deux personnes sont mortes et inhumées après le naufrage mardi sur le lac Maï Ndombe au village Isongo, dans le territoire d'Inongo. Plusieurs dizaines de blessés et des malades sont enregistrés, des personnes qui sont reçues à l'hôpital général de référence d'Inongo pour des soins de santé. L'embarcation naufragée transportait plus de 280 personnes à destination du chef-lieu de la province de Maï Ndombe.
Le gouverneur de province qui livre ce bilan définitif dit avoir donné des moyens pour la prise en charge des blessés et malades. Les morts sont composés de dix-huit femmes, trois enfants et un homme. La surcharge sur la toiture reste le fait déclencheur de ce naufrage.
"À bord, ils étaient 289. Il y a eu 22 morts, ils ont tous été inhumés. Et parmi les rescapés il y a des malades, des blessés pris en charge par la province. Les rescapés sont plus de deux cents. Ceux qui sont pris en charge, ce sont des blessés, des malades. Il y a même une femme enceinte", a déclaré le gouverneur Nkoso Kevani Lebon.
Pour réduire les naufrages à répétition dans la région, le Gouverneur relève la nécessité des embarcations métalliques. Il plaide pour un appui du gouvernement pour offrir de bonnes conditions de voyage à la population.
"Ça s'est passé dans un village et c'est un peu compliqué. Maï Ndombe est couverte des eaux et d' un grand lac. Pour aller d'un village à un autre, on prend toujours ces genres d'embarcations en bois. C'est difficile de contrôler partout, mais dans des grands centres, les services veillent au respect des règles. Voilà pourquoi nous disons que le Maï ndombe doit migrer vers les métalliques. Et ça demande des moyens. Voilà pourquoi nous faisons un plaidoyer auprès du gouvernement central pour nous venir en aide", poursuit-il.
Une embarcation surchargée à la base du drame
À l’origine du drame, une surcharge manifeste, comme l’ont confirmé les autorités locales. Les passagers avaient été entassés à bord d’une embarcation motorisée surnommée Winner, longue de 27 mètres et large de 3 mètres. Certains d’entre eux avaient même été placés sur la toiture de la coque, qui a fini par se briser en pleine traversée du lac.
Les corps sans vie ont été retrouvés éparpillés dans différents villages autour du lac et ont été inhumés sur place. Une équipe dépêchée sur le terrain par le gouvernement provincial poursuit les recherches. Le bilan pourrait s’alourdir dans les heures ou les jours à venir.
Une série noire pour la province de Maï Ndombe depuis le début de l'année
Le naufrage d’Isongo s’ajoute à une longue liste de tragédies similaires dans cette province enclavée. En 2024, trois naufrages majeurs ont endeuillé la région. Le 10 juin dernier, une collision entre deux embarcations de la société Sainteté sur la rivière Kwa avait causé la disparition de 86 passagers parmi les 272 personnes à bord. En août, une autre embarcation, HB Jésus-Christ, avait chaviré après avoir heurté des troncs d’arbres, faisant au moins 29 morts et de nombreux disparus.
Ces drames récurrents mettent en lumière l’extrême vulnérabilité des populations locales, contraintes d’utiliser des embarcations de fortune pour se déplacer dans une région où les infrastructures routières sont quasi inexistantes.
Des mesures pour stopper l'hémorragie dans une province enclavée
En octobre, une rencontre tripartite entre le gouvernement provincial, les transporteurs et les armateurs s’est tenue à Inongo pour tenter de mettre un terme à ces naufrages répétitifs. Il en est ressorti que la majorité des embarcations naviguant sur le lac, le fleuve Congo et ses affluents sont louées et ne respectent pas les normes de sécurité.
Les participants avaient recommandé au gouvernement provincial de doter la région d’embarcations sécurisées et de renforcer les contrôles sur la navigation. En l’absence de moyens adéquats, notamment de patrouilleurs pour surveiller le respect des normes. S'exprimant sur actualité.cd, le Gouverneur de province Nkoso Kevani Lebon avait proposé au gouvernement central d’organiser des états généraux de la navigation.
Mais en attendant des mesures concrètes, le lac Maï-Ndombe continue de représenter un danger mortel pour ses habitants, qui n’ont d’autre choix que de prendre la mer, souvent au péril de leur vie.
Jonathan Mesa