La capitale congolaise vibre ce week-end aux sons des claquements de manettes et des acclamations du public pour l’édition 2024 des Kongo Esports Champions. Cet événement, organisé par SAGES Africa en partenariat avec l'Institut Français de Paris, a placé les femmes au cœur de la compétition, célébrant leur talent dans l'univers de l'esport.
L'esport, contraction d'electronic sport, désigne la pratique compétitive des jeux vidéo. Il s'agit de compétitions organisées où des joueurs professionnels s'affrontent sur des jeux spécifiques. Les compétitions d'esport sont structurées comme des événements sportifs traditionnels, avec des ligues, des tournois, des équipes et des sponsors. L'esport est devenu un phénomène mondial, générant des millions de dollars de revenus et attirant des millions de spectateurs.
Dans le cadre enchanteur du festival Manga & Geek Days, les meilleures joueuses africaines de Tekken 8 s’affrontent lors de duels acharnés à Kinshasa. Les yeux rivés sur leurs écrans, elles vont démontrer une maîtrise de leur personnage, offrant au passage, au public, un spectacle époustouflant.
Au-delà de la compétition, cet événement est l'occasion de mettre en lumière le parcours inspirant de ces jeunes femmes.
« Participer à cette compétition, ce genre d’événements, ça permet aux autres femmes de s’inspirer de nous, de pouvoir emboîter les pas ou se mettre en avant et s’assumer en tant que joueuse », a expliqué Naomie Durand, compétitrice béninoise et une des 8 participantes aux sessions de formation de l’Esport Talent Academy, qui est un espace d’accompagnement des filles et femmes attirées par les jeux vidéos pour avoir leur place dans l’écosystème très masculin encore.
Les Kongo Esports Champions
Les Kongo Esports Champions s'inscrivent dans une dynamique plus large visant à structurer et développer l'écosystème esport en Afrique. SAGES Africa, en collaboration avec l'Institut français, œuvre pour offrir aux joueurs africains les moyens de s'exprimer et de briller sur la scène internationale.
« L’objectif est de mettre un accompagnement à travers ces événements qui sont des lieux d’échanges et de réseautage pour professionnels, mais aussi des formations pour pouvoir structurer l’écosystème de l’esport en Afrique afin que ça devienne rentable économiquement et qu’on puisse convaincre nos États de cette rentabilité pour qu’ils s’investissent à côté des opérateurs privés pour développer cette industrie qui prend beaucoup de places dans d’autres continents déjà », a dit Mantchini Traoré, en charge des industries culturelles et créatives en Afrique au sein de l’Institut Français de Paris.
C’est une première en Afrique centrale que de recevoir une compétition des Esports. Pour ce faire, il y a 7 pays africains qui prennent part à cette compétition 100% féminine des esports. Le Festival Manga & Geek Days, festival de jeux vidéos qui se tient depuis 2016 à Kinshasa, se mélange avec cette fête des Esports.
Les éliminatoires et les grandes finales au niveau international se tiennent ce samedi et dimanche à l’Institut Français de Kinshasa. Cependant une autre compétition locale se tient en marge, opposant les joueurs de Lubumbashi, de Goma et de Bukavu. Il y a des activités de Quizz, de déguisement en personnage de jeux, des activités pour enfants, etc.
Les femmes et les jeux vidéos
Jennifer Lufau, est présidente de l’Association Afro gammeuse. Elle estime que malgré le développement de cette discipline qu’est l’Esport, l’égalité n’est pas encore frappante aux yeux entre les hommes et les femmes, rien queen termes de participants aux compétitions professionnelles.
« Il y a un vrai manque de filles dans la participation aux jeux vidéo de manière compétitive. Même si elle sont nombreuses à jouer, mais de manière professionnelle, il n’y en a pas beaucoup », a-t-elle dit.
Raison pour laquelle, son association travaille pour qu’il ait plus de mixité dans le secteur du jeux vidéo dans le monde ; pour faire évoluer les mentalités en faisant visibiliser les joueuses, et faire en sorte qu’elles se lancent sur les plateformes de streaming comme YouTube, etc. ; pour les aider à trouver du travail dans le secteur et prendre place dans ce milieu.
Mais dans les personnes des jeux vidéos, Jennifer note encore une certaine anomalie à ses yeux.
« Côté développeur, quand on veut mettre un personnage féminin, c’est toujours la fille qui est quasiment à poil, qui n’a jamais vraiment rien d’intéressant à dire et qui est uniquement basée sur son physique plutôt que ses actes, ses stratégies et mouvements de combats. J’essaie de conscientiser ça auprès des joueurs aussi », a-t-elle indiqué.
Par ailleurs, de nombreux métiers indispensables sont adossés aux jeux vidéos sans lesquels, il n’y a pas jeux. Il faut entre autres qu’il y ait des développeurs des jeux vidéos africains, utiliser des histoires africaines dans les jeux afin de développer des personnages dans lesquels les jeunes se reconnaissent ; il faut des techniciens sons, des cadreurs, des animateurs, ce qui fait environ 10 métiers qui tournent.
En plus de la compétition
Au-delà de la compétition, les Kongo Esports Champions sont l'occasion de réunir la communauté esport africaine. Les Business Meetings permettent aux acteurs du secteur d'échanger sur les enjeux de l'entrepreneuriat dans l'esport et de renforcer les liens entre les différents pays du continent.
En offrant une plateforme aux joueuses africaines, les Kongo Esports Champions contribuent à changer l'image de l'esport et à le positionner comme un vecteur de développement économique et social.
En mettant en lumière le talent des joueuses africaines et en favorisant les échanges entre les acteurs de l'écosystème esport, cet événement marque une étape importante dans le développement de cette discipline en Afrique.
Kuzamba Mbuangu