Parmi les dispositions qui fâchent et qui poussent le régime en place à réviser coûte que coûte la Constitution figure l'article 217. Cet énoncé, repris dans les constitutions de plusieurs États africains, est perçu au sein de l'UDPS, parti au pouvoir, comme un élément déclencheur de la balkanisation.
Devant les Congolais, samedi 16 novembre à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga où il séjourne, Félix Tshisekedi a réitéré son discours tenu en octobre dernier à Kisangani sur sa décision sans appel de retoucher la loi fondamentale. Il s'appuie sur un argumentaire axé sur l'article 217, qu'il présente comme un danger pour la RDC.
« Demander aux Congolais de ne pas revoir leur Constitution alors qu’il y a le fameux article 217 qui consacre la vente de notre souveraineté à des États africains ? Et nous n’avons pas le droit de revoir cela ? Il y a des hommes de Dieu qui ont osé prendre la parole pour défendre cette ignominie. Le pays est en danger. Je suis l’un des Congolais les mieux placés pour comprendre cela, » a-t-il déclaré, la sueur dégoulinant de son corps.
Interpellé brutalement puis relâché lors d'une manifestation contre le projet de révision de la Constitution et le troisième mandat de Tshisekedi jeudi, l'opposant Delly Sessanga n'a pas tardé à critiquer l'interprétation du chef de l'État sur cette disposition de la loi de 2006.
« La manipulation, c’est lorsque vous versez dans une interprétation tout à fait iconoclaste de l'article 217 de la Constitution par un faux bruit, en faisant croire que cet article expose le Congo à céder des territoires à des États voisins, » a-t-il réagi dans une vidéo.
Le contesté secrétaire général de l'UDPS, qui avait d'ailleurs mal cité cet article lors d'un meeting, justifie quant à lui l'occupation rwandaise des territoires congolais par cette disposition de la Constitution. « Dans cette même Constitution, il est dit que, pour sauvegarder l’unité de l’Afrique, nous devons céder une partie de notre pays au Rwanda. Est-ce ce que vous voulez ? » s’est-il interrogé. « C’est pourquoi je dois vous dire que cette Constitution est une malédiction, » a-t-il déclaré urbi et orbi lors de la Journée de la base, mardi dernier.
En effet, la même disposition qui énerve Félix Tshisekedi, actuellement à son dernier mandat, figure dans la Constitution béninoise en son article 145, reprise et formulée de la même manière. Il en est également ainsi dans la Constitution de la Côte d'Ivoire (article 155), la loi fondamentale tchadienne (article 222) et la Constitution burkinabè (article 146).
Samyr LUKOMBO