Le président de l'Assemblée nationale a salué l'annonce faite par le vice-ministre de la Justice et Contentieux international, Samuel Mbemba, au sujet de l'évaluation de l'état de siège en vigueur dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu, prévue pour la fin de ce mois de novembre. Selon Vital Kamerhe, ces assises doivent se tenir au siège de la représentation nationale, et il espère qu’elles permettront aux autorités compétentes de sanctionner les autorités militaires qui ne jouent pas convenablement leur rôle sur le théâtre des opérations.
"L'évaluation à la fin du mois, oui, mais ici à l'Assemblée nationale, représentation du peuple. La Première ministre sera à l'aise avec son gouvernement et ensemble nous allons évaluer l'état de siège en toute transparence. En ce qui concerne les dénonciations, elles sont nombreuses. Le VPM, ministre de la Défense ou Madame la Première ministre ont reçu les dénonciations. Mais ce qui nous choque, c'est que malgré cela, quelques chefs des unités armées abandonnent les jeunes Wazalendo seuls sur le front, aucune sanction exemplaire n'a été prise jusqu'à présent. Nous allons le faire à l'occasion de cette évaluation", a dit Vital Kamerhe, à la suite de l'intervention de Samuel Mbemba lors de la plénière tenue jeudi 7 novembre, consacrée à l'examen du projet de loi portant sur la prorogation de l'état de siège.
Le speaker de la chambre basse du Parlement a encouragé ceux qui détiennent des preuves irréfutables contre les autorités de l'état de siège à les apporter lors des travaux d'évaluation de l'état de siège.
"Que ceux qui ont des informations étayées de preuves apportent la liste à Madame la Première ministre. Pour cette fois, il faut que des sanctions soient sanctionnés. On ne peut pas avoir des généraux qui narguent les députés qui viennent les aider dans leurs tâches. L'état de siège, ce n'est pas une priorité privée, c'est pour nous tous, nous devons collaborer pour que la paix revienne dans cette partie de notre pays où nos populations sont vraiment massacrées et en détresse", a indiqué Vital Kamerhe.
Abordant spécifiquement la question de la mission d'itinérance envisagée par la Première ministre Judith Suminwa sur le terrain, Vital Kamerhe a insisté sur le respect du statut des députés nationaux.
"Avec les informations qu'il vient de nous donner, que Madame la Première ministre a bien voulu nous communiquer, s'agissant du voyage à l'Est de la République Démocratique du Congo, ce n'est pas mauvais, mais nous sommes dans le cadre de la séparation des pouvoirs. Si les députés accompagnent Madame la Première ministre, certainement il y aura des ministres ; il ne faut pas qu'au cours de ces différents déplacements, la Première ministre oublie la place des députés. Sinon, moi je n'autoriserai pas les députés à aller se faire ridiculiser. Ils arrivent, ils ne savent pas où ils vont loger, pendant que les ministres ont des voitures et sont logés", a fait savoir le président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe.
Lors de la dix-septième réunion du Conseil des ministres, tenue le vendredi 11 octobre 2024 à la Cité de l’Union Africaine, le Président Félix Tshisekedi a rappelé au gouvernement la nécessité de parachever l’exécution des recommandations de la table ronde sur l’état de siège, en vigueur dans l'Ituri et le Nord-Kivu depuis trois ans.
Les élus locaux et acteurs de la société civile s’accordent pour dire que l’état de siège n’a pas atteint ses objectifs. Les groupes armés se sont multipliés, et la rébellion du M23, vaincue en 2013, a réapparu en novembre 2021. Actuellement, le M23 occupe de vastes zones dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi et Lubero, aggravant la situation sécuritaire.
Proclamé en mai 2021 par le Président Tshisekedi pour renforcer la lutte contre les forces négatives en Ituri et au Nord-Kivu, l’état de siège devait initialement être allégé progressivement, selon une annonce d’octobre 2023. Cependant, aucune avancée significative n’a été enregistrée depuis.
Clément MUAMBA