Kinshasa : à Barumbu, des élèves manifestent pour réclamer une reprise normale des cours

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Illustration/Photo ACTUALITE.CD

Dans la commune de Barumbu, à Kinshasa, capitale de la RDC,  les élèves des Écoles primaires Mboliasa et Saint Esprit, deux écoles conventionnées protestantes, ont manifesté ce lundi 7 octobre pour exprimer leur ras-le-bol contre la  grève des enseignants qui paralyse leur apprentissage depuis près de deux semaines. 

Au cœur de cette crise, les revendications des enseignants. Ces derniers réclament une amélioration  de leurs conditions de travail, notamment une hausse de leurs salaires et le paiement intégral des primes promises par le gouvernement, au regard des accords de Bibwa en août dernier.  Ces revendications ont poussé des enseignants à cesser le travail, privant ainsi des élèves de leur droit à l’éducation.

L’appel des parents aux autorités

Inquiets, les parents, accompagnés de quelques élèves, ont tenté de rencontrer le bourgmestre de Barumbu pour trouver une solution. « Les élèves n’étudient pas. Ils sont toujours dehors. Nous venons de la maison communale, malheureusement, le bourgmestre  n’est pas encore dans son bureau », témoigne une mère à ACTUALITE.CD.

Ils dénoncent l’impact négatif de cette grève sur la scolarité de leurs enfants et appellent le président Félix Tshisekedi à intervenir personnellement pour résoudre cette crise. « Le président de la République a décrété la gratuité. Dans chacune de ses prises de parole, il revient sur cette politique qu’il classe parmi ses réalisations phares. Il en est fier. Il doit prendre ses responsabilités », dit une autre mère d’élèves trouvée sur place. 

Les enseignants entre les pressions externes et les revendications 

Côté enseignants, les témoignages sont complexes. Si certains disent réclamer l’amélioration de leur condition salariale, les autres évoquent quant à eux des pressions exercées par certains mouvements syndicaux. 

« Nous n'avons pas reçu de prime lors de la dernière paie dont a parlé le gouvernement, comme annoncé par le gouvernement à Bibwa.  Pour ce qui est de la prime de gratuité, nous avons reçu 60 000 FC au lieu de 80 000 FC », témoigne un enseignant sous couvert d’anonymat. 

« Nous avons  subi la pression de certains mouvements syndicaux. Ils sont venus nous  voir pour nous faire comprendre que nous n’avions pas le droit de laisser les élèves étudier paisiblement.  Il y a eu des attaques, et même des appels téléphoniques menaçants », explique un autre enseignant. 

Le directeur de l’EP Saint Esprit se dit impuissant face à cette situation. « Moi, je suis chef d’établissement, donc je suis administratif. Je ne vais pas en grève. Ce sont des enseignants qui veulent l’amélioration de leurs conditions de vie. Moi, je suis là en observateur », a dit David Abeli. 

Cette crise met en lumière les défis liés à la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement primaire en RDC. Si cette mesure a permis d’augmenter le taux de scolarisation, elle a également mis à jour les insuffisances du système éducatif congolais, notamment en termes de rémunération des enseignants et de ressources financières.

Le gouvernement face au défi de la gratuité

Lors de la seizième réunion du conseil des ministres vendredi 4 octobre, Judith Suminwa, Première ministre de la RDC a signalé avoir été informée des appels à la grève dans quelques provinces éducationnelles de la RDC. 

Selon la cheffe du gouvernement, cette grève est déclenchée en dehors des procédures habituelles et est de nature à saboter  les avancées notables enregistrées dans le secteur, notamment l'augmentation du taux d'exécution des engagements des accords de Bibwa, qui est passé de 29 % à 70 %. 

Quoi qu’il en soit, Judith Suminwa a encouragé Raïssa Malu, ministre de l'Éducation nationale et Nouvelle Citoyenneté (EDU-NC) à écouter et à prendre en compte les revendications  des grévistes.

Bruno Nsaka