Le samedi 21 septembre, la scène littéraire de Kinshasa a été marquée par un événement inédit avec l'accueil du premier patient de la Clinique Littéraire de Kinshasa. Inaugurée en août dernier, cette initiative, surnommée "le diagnostic", se veut une tribune où les œuvres littéraires congolaises sont examinées et disséquées par des critiques et passionnés de littérature, à la Clinique Littéraire de Kinshasa.
Pour cette première séance, Christian Gombo Tomokwabini, une des grandes figures du paysage littéraire congolais, a vu son dernier roman, "Maudit soit-il", passer au scalpel par le docteur Pat le Gourou, lui aussi écrivain.
Dès le début de la séance, Pat le Gourou n’a pas mâché ses mots pour décrire l’œuvre de Gombo. Selon lui, "Maudit soit-il" est une œuvre globalement réussie, mais non sans défauts. Il a ainsi critiqué la gestion des notes de bas de page, les qualifiant de « confuses » et « non convaincantes », risquant de perdre le lecteur.
Mais pour Christian Gombo, le patient n’est pas si malade qu’on ne le pensait.
« Le livre a été apprécié, le malade n’était pas aussi malade que ça. Il y’avait des fausses alertes, il est allé en consultation pour se faire analyser, on a trouvé que des petits pépins physiques peux-être qu’il va prendre des médicaments, sinon dans l’ensemble ça va, ça s’est très bien passé », a-t-il dit.
L’œuvre de Gombo est, dans le fond, très originale et très riche en termes de littérature. Par le Gourou a tout de même relevé des maladresses dans l'usage de certaines expressions françaises, notamment des constructions linguistiques telles que "soleil-maudit" ou "soleil groggy", jugées incorrectes par le critique.
Cependant, sur le plan structurel, Pat le Gourou a salué l’intrigue, la construction des personnages et l’utilisation de l’espace et du temps, tout en regrettant une rupture dans le surréalisme vers la fin du roman, ce qui, selon lui, a créé un léger sentiment d'ennui. Malgré ces critiques, l’œuvre a été reconnue pour son originalité et sa profondeur.
Christian Gombo : un auteur aux multiples facettes
Christian Gombo, alias "Tomokwabini", est bien plus qu’un simple écrivain. À travers ses diverses casquettes d’auteur, de poète, de libraire et de commentateur de la vie quotidienne, il s’est imposé comme une figure incontournable du monde littéraire à Kinshasa. Sa personnalité complexe se divise en trois personnages distincts : Gombo Christian, l’écrivain sage, auteur de livres pour enfants ; Tomokwabini, le créateur fou et audacieux qui repousse les limites de la littérature comme discipline; et Sheva, l’observateur réfléchi qui chronique la vie quotidienne avec un regard acéré.
Ces trois facettes de sa personnalité rendent Christian Gombo unique dans son approche de la littérature, créant des œuvres qui oscillent entre absurde, réalisme et analyse sociale.
Le diagnostic, un rendez-vous incontournable
La Clinique Littéraire de Kinshasa se présente comme une nouvelle manière de promouvoir la critique littéraire dans un cadre où la littérature congolaise est discutée avec rigueur et passion. Avec "Maudit soit-il", Christian Gombo a été le premier écrivain à se soumettre à cet exercice, ouvrant la voie à d'autres œuvres et auteurs qui viendront à leur tour se faire "diagnostiquer". Cette initiative contribue à enrichir le débat littéraire en RDC, en offrant une plateforme pour une critique constructive et sans concession.
Avec des événements comme celui-ci, la Clinique Littéraire de Kinshasa promet de jouer un rôle central dans l’évolution de la littérature congolaise. Les œuvres comme "Maudit soit-il" de Christian Gombo y trouveront un espace propice à la critique et à la réflexion, permettant ainsi d’élever la qualité de la production littéraire locale et de créer un dialogue enrichissant entre les auteurs, les critiques et le public.
Le rendez-vous est désormais pris pour de futurs diagnostics, où d'autres œuvres de la littérature congolaise viendront se faire examiner sous les projecteurs de cette clinique littéraire unique en son genre.
James Mutuba