RDC : les avocats de Jean-Jacques Wondo dénoncent un jugement "inique" rendu sans preuve et promettent d'interjeter appel

Jean-Jacques Wondo
Jean-Jacques Wondo

Jean-Jacques Wondo, expert militaire belgo-congolais, a été condamné à la peine de mort à l'issue du procès relatif à la tentative de coup d'État et à l'attaque de la résidence de Vital Kamerhe, actuellement président de l'Assemblée nationale. Cet expert des questions de défense et de sécurité a été reconnu par le Tribunal Militaire de garnison de Kinshasa/Gombe comme étant le “concepteur” et “auteur intellectuel” du “coup d’État manqué” du 19 mai dernier.

En réaction après l'audience tenue vendredi 13 septembre 2024 à la prison militaire de Ndolo, Me Carlos Ngwapitshi Ngwamashi, l'un des avocats de Jean-Jacques Wondo, a exprimé ses regrets face à cette décision judiciaire, affirmant que son client reste "innocent" et qu'il a été condamné "injustement" dans ce qu'il qualifie de "procès politique".

"Cher Jean-Jacques Wondo, la situation que vous traversez à la prison militaire de Ndolo est pénible et inacceptable pour un innocent. J'ai défendu un innocent dans ce procès dit 'coup d'État manqué de Malanga', et l'instruction de ce dossier a révélé votre innocence, étant donné l'absence de preuves à votre charge. Je vous exhorte à accorder un pardon sincère à ceux qui, de près ou de loin, vous ont causé cette injustice", a déclaré Maître Carlos Ngwapitshi Ngwamashi dans une note parvenue à la rédaction d'ACTUALITE.CD.

Pour lui, dans cette affaire, le juge a tout dit, sauf rendre le "bon droit" à l'égard de Jean-Jacques Wondo. "Votre condamnation est inique, néanmoins la justice de Dieu existe. Le tribunal politique condamne sans preuve alors que le tribunal judiciaire acquitte en cas d'absence de preuves. Le procès politique ne se gagne pas devant le juge, car le jugement est rédigé en dehors du tribunal par des juges qui n'ont jamais instruit le dossier. Le juge a tout dit dans votre condamnation, sauf le droit", a-t-il dénoncé.

Maître Carlos Ngwapitshi Ngwamashi a promis d'interjeter appel pour faire valoir l'innocence de son client. "Ce jugement est inique. Il a été rendu sans la moindre preuve. Nous allons relever appel dans le délai légal", a-t-il affirmé à Reuters.

Selon le jugement du tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe, 37 prévenus ont été condamnés à la peine de mort pour des infractions d'association de malfaiteurs, d'attentat et de terrorisme. Parmi eux figurent Marcel Malanga, fils de Christian Malanga, Tyler Christian Thomson, Zalman Pollum Benjamin et Nkele Mbuela Ruffin. L'expert militaire Jean-Jacques Wondo a également été condamné à la peine de mort pour association de malfaiteurs et attentat. Certains des condamnés ont écopé de 20 ans de servitude pénale pour détention illégale d'armes de guerre. La juridiction militaire n’a cependant retenu que la peine la plus sévère, à savoir la peine de mort.

Une dizaine de personnes, 13 au total, ont été acquittées, les faits d'association de malfaiteurs, de terrorisme et de financement du terrorisme n'ayant pas été prouvés. Parmi elles figurent les prévenus dits de "l’hôtel Chez Momo", notamment la propriétaire de l’établissement, Mata Maguy, son mari Ephraïm Mugangu, ainsi que leurs employés, Judith Mukela Mukubu et Mbayo Adolphe. Figurent également parmi les acquittés les convoyeurs et chauffeurs des bus ayant transporté les prévenus, le gérant Faustin Egwake, ainsi que la nettoyeuse du Palais de la Nation, Mbemba Ndona Mado. Quant au prévenu Tikimo, il a bénéficié de circonstances atténuantes et a été déclaré non coupable.

Le procès sur le coup d'État manqué du 19 mai 2024 s’était ouvert vendredi 7 juin 2024. Au total, 51 des 53 personnes citées ont comparu devant la juridiction militaire. Le Ministère public ainsi que le tribunal ont constaté le décès de deux prévenus, à savoir Christian Malanga et Aboubakar, tués lors de l’attaque. L’organe de la loi a alors demandé l’extinction de l’action publique à leur égard, mettant fin à la procédure pénale engagée contre eux. Cette demande a été reçue par le tribunal, qui a décrété l’extinction de l’action publique pour ces prévenus.

Clément MUAMBA