Depuis la tentative d'évasion à la prison centrale de Makala, des détenues femmes et mineurs victimes des violences sexuelles ne sont pas encore prises en charge comme il se doit par des structures sanitaires compétentes. Leurs défenses l'ont fait savoir au Tribunal militaire garnison de Kinshasa/Ngaliema lors de l'audience tenue mercredi 11 septembre à la prison centrale de Makala.
" Nous le disons et le confirmons voilà pourquoi nous vous avons dit que l'une des enfants menaçait de se suicider, violée par 10 personnes depuis dimanche et aujourd'hui il y a plus de 8 jours qu'est-ce qu'on a fait ? Rien du tout. Aucune prise en charge médicale n'a été faite pour toutes les victimes des violences sexuelles qui se sont retrouvées en prison. Nous l'avons constaté ce matin, nous avons pris langue avec le directeur de pavillon aux mineurs afin que cela soit fait, si on peut autoriser à ce que ces enfants soient emmenées à l'hôpital pour être examinées, c'est parmi les plaintes des enfants. Elles disent qu’elles ont été violées par des hommes dont on ne connaît pas leur état sérologique (...). Personne n'a pensé à elles ", a dénoncé, devant la presse, Maître Jacob Tshituka, pour le compte de la lizadeel, organisation de droit de l'homme, spécialisée dans la défense et la protection des enfants et élèves et avocat des intérêts des mineures violées.
En dehors de la prise en charge médicale adéquate, la défense a relevé aussi des faiblesses au niveau de la prise en charge psychologique.
"Toutes les victimes nous ont déclaré qu'elles ont été violées, il y en a qui l'ont été par 10, par 5, par 4 et c'est déplorable. En ce moment où nous vous parlons nous avons une des victimes qui veut se suicider parceque sa situation est déplorable. Elle s'est retrouvée violée par 10 personnes dont 7 par voie de derrière et 3 par le devant. Excusez nous les termes qu'on ne puisse pas citer les noms mais allez-y comprendre, il y a une autre qui a 14 ans violée par 4 personnes. Elle est orpheline de père et de mère et qui vit chez sa grand mère, placée en prison il y a 2 semaines et voilà aujourd'hui elle se retrouve violée par 4 personnes allez-y comprendre humainement parlant ce qu'il y a ", a indiqué Jacob Tshituka.
À l'en croire, pour mieux exiger des dommages et intérêts de la part de la RDC au titre de réparation, ils doivent avoir les rapports des experts.
" La loi dit ceci : que le ministère public ou le juge doit requérir un expert pour apprécier l'état de la victime en ce moment nous sommes pendant l'audience de flagrance. C'est vrai mais nous allons postuler pour demander les dommages intérêts. Comment pouvons-nous demander des dommages et intérêts si nous ne connaissons pas l'état actuel physique et les préjudices qu'ont subi nos clientes ou victimes ? C'est en ceci que nous avons demandé au Tribunal militaire d'accorder qu'il puisse requérir les experts, psychologues parce qu'il y en a qui sont traumatisés, qui doivent être detraumatisées, il y en a qui ont été violentées de plusieurs manières, elles doivent d'abord être examinées et qu'un rapport médical et psychologique soit fait par les experts comme reconnu par la loi par les médecins légistes pour déterminer l'état de toutes les victimes une par une ", a-t-il fait remarquer.
Actuellement, les raisons de la tentative d'évasion à Makala ne sont toujours pas élucidées. Mais le bilan annoncé par le gouvernement (131 morts) est contesté par certaines organisations de la société civile. Selon les autorités, il y a des morts par balles (24), tandis que d’autres détenus sont morts suite aux tirs de sommation, ou encore par bousculade et étouffement. Selon toujours le gouvernement via le VPM, ministre de l'intérieur, sécurité, décentralisation et Affaires Coutumières Jacquemain Shabani Lukoo « quelques femmes violées » sans donner le nombre. « Sur le plan matériel, on déplore l’incendie du bâtiment administratif, du greffe, de l’infirmerie et des dépôts des vivres », a ajouté M. Shabani.
Rappelons-le, une soixantaine de prisonniers sont poursuivis en procédure de flagrance devant le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Ngaliema pour viol, terrorisme, destruction méchante et incendie volontaire. Lors de la réunion du conseil des ministres extraordinaire tenue lundi 09 septembre dernier, le Chef de l'État Félix Tshisekedi avait demandé à la d'enquête mise en place de lui transmettre endéans sept jours son rapport sur les circonstances réelles de ces incidents.
Clément MUAMBA