Le Syndicat des Magistrats du Congo (SYMCO) a lancé un appel à la résistance face aux "provocations et humiliations" émanant du ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba. Dans un communiqué publié ce lundi, le SYMCO exhorte les membres du bureau du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), les syndicats des magistrats ainsi que l’ensemble des magistrats de la République Démocratique du Congo à s'ériger contre ce qu'il considère comme une ingérence croissante et inquiétante du pouvoir exécutif dans les affaires judiciaires.
Accusations de réforme unilatérale et d'ingérence
Le SYMCO dénonce notamment le dépôt, par le ministre de la Justice, de plusieurs textes de réforme de la justice à l’Assemblée nationale sans consultation préalable des acteurs judiciaires et sans validation par le Conseil des ministres. Pour le syndicat, cette démarche viole les principes constitutionnels et légaux régissant l'organisation et le fonctionnement du gouvernement, ainsi que la séparation des pouvoirs.
Le syndicat a également fustigé l’instauration de ce qu’il qualifie de "tribunaux populaires" au sein du Palais de Justice, où le ministre Mutamba aurait ordonné publiquement des arrestations et pris des décisions judiciaires, en usurpant les prérogatives du ministère public et en bafouant les droits des justiciables.
"Le Ministre d'État, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, ne peut en aucun cas se substituer aux magistrats, encore moins s'ériger en administrateur principal de la Justice en RDC", martèle le SYMCO, rappelant que ces agissements violent l'article 149 de la Constitution, qui interdit la création de tribunaux extraordinaires ou d'exception.
Un appel à la résistance et au dialogue
Face à cette situation, le SYMCO appelle les magistrats à une "résilience totale" pour défendre l'indépendance de la justice. Le syndicat invite également le ministre de la Justice à privilégier un dialogue franc avec les différents syndicats et acteurs de la justice pour trouver ensemble des solutions aux maux qui minent le système judiciaire congolais.
Le SYMCO exhorte en outre le président de la République, Félix Tshisekedi, à intervenir personnellement pour éviter ce qu'il décrit comme des "dérives totalitaires" de la part du ministre de la Justice, qui, selon le syndicat, cherche à renforcer sa popularité au détriment de l’État de droit.
Amélioration des conditions des magistrats
Le SYMCO a également attiré l'attention du gouvernement sur la nécessité d'améliorer les conditions de travail et de vie des magistrats en RDC. Ces derniers travaillent, selon le syndicat, dans des conditions exécrables, subissent une précarité extrême et sont exposés à des risques sécuritaires élevés, incluant des agressions et des assassinats.
Réaction de Constant Mutamba
En réponse aux critiques du SYMCO, Constant Mutamba a réaffirmé sur Twitter l’engagement du gouvernement à poursuivre les réformes du secteur judiciaire : "Le Chef de l'État nous a nommés pour redresser notre justice et redorer son image. Rien n'arrêtera cet engagement ferme du Magistrat Suprême. Les réformes courageuses en cours vont se poursuivre à la satisfaction générale de notre peuple. Des réseaux mafieux démasqués, craquent déjà. Seule la justice élève une Nation."