Le Syndicat des Magistrats du Congo (SYMCO) a vivement dénoncé, ce lundi, l'ingérence répétée du ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, dans le fonctionnement du pouvoir judiciaire en République Démocratique du Congo (RDC). Dans un communiqué, le SYMCO accuse le ministre de s'établir en "administrateur principal de la justice", en violant la séparation des pouvoirs garantie par la Constitution.
Le syndicat reproche à Constant Mutamba d'avoir instauré un "tribunal populaire" au sein du Palais de Justice, où il aurait pris des décisions de justice, ordonné des arrestations publiques, et attaqué des verdicts en cassation. Ces actions, selon le SYMCO, sont en contradiction avec l'article 149 de la Constitution, qui interdit la création de tribunaux extraordinaires ou d'exception sous quelque dénomination que ce soit.
Le ministre est également accusé d'avoir libéré des détenus de manière conditionnelle à la Prison Centrale de Makala et à la Prison de Kisangani, sans la présence des procureurs généraux, ce qui constitue une violation de l'article 150 de la Constitution, qui interdit au pouvoir exécutif de donner des injonctions aux juges dans l'exercice de leurs fonctions.
Le SYMCO a également critiqué les propos "outrageants et désobligeants" du ministre à l'égard des magistrats, lors de ses récentes interventions médiatiques, estimant qu'ils attisent la haine contre ces derniers et les exposent à l'insécurité. Le syndicat rappelle que les magistrats de la RDC, malgré des conditions de travail précaires, s'efforcent d'assurer une bonne administration de la justice.
En réponse à ces accusations, Constant Mutamba a réaffirmé son engagement sur Twitter : "Le Chef de l'État nous a nommé pour redresser notre justice et redorer son image. Rien n'arrêtera cet engagement ferme du Magistrat Suprême. Les réformes courageuses en cours vont se poursuivre à la satisfaction générale de notre peuple. Des réseaux mafieux démasqués, craquent déjà. Seule la justice élève une Nation."
Cette déclaration laisse présager une intensification des réformes en cours, malgré les critiques du SYMCO et les tensions croissantes entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire en RDC.
Cette sortie médiatique intervient quelques jours après celle du Syndicat Autonome des Magistrats du Congo (SYNAMAC) qui avait exprimé mercredi dernier de vives préoccupations concernant les récentes déclarations du ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba. Dans un communiqué, le SYNAMAC accuse le ministre de mener une campagne de discrédit contre le corps des magistrats, tout en éludant les problèmes structurels qui affectent le système judiciaire en RDC.