Non-organisation des élections locales : la CENI appelée à revoir sa planification pour surmonter les contraintes financières

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Centre Bosolo

La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) fait face à des contraintes financières qui l’empêchent de finaliser les différentes opérations électorales prévues dans son propre calendrier. C'est le cas des élections des conseillers urbains, bourgmestres et bourgmestres adjoints, initialement prévues pour le mois de juin dernier en République démocratique du Congo (RDC).

En marge de la présentation du rapport intermédiaire de l'observation du cadre normatif sur le processus électoral en RDC, Luc Lutala, Coordonnateur national de la Synergie des missions d’observation citoyenne des élections en RDC (SYMOCEL), invite la centrale électorale à actualiser ses outils de planification pour mieux plaider auprès des autorités compétentes.

"Nous demandons à la Commission Électorale Nationale Indépendante de publier ou d'actualiser ses outils de planification. C'est la première condition pour la Symocel. La CENI doit mettre sur la place publique un calendrier, car la CENI n'a plus de calendrier, plus de budget, plus de plan d'engagement avec le gouvernement. Ce que nous demandons à la CENI, c'est de produire un nouveau calendrier actualisé, de produire un nouveau budget qui montre de combien elle a besoin, et de transmettre ces outils de planification au gouvernement et aux parties prenantes pour qu'on en prenne connaissance. D'après nos informations, la CENI a déjà consommé 1 milliard 300 millions USD, mais combien manque-t-il à la CENI ? Je ne sais pas si vous êtes au courant de ce que la CENI a comme besoin pour ces élections ?", a-t-il déclaré ce mardi 13 août 2024 devant la presse à Kinshasa.

Luc Lutala estime que si la Centrale électorale avait été attentive aux différentes propositions de la Symocel dès le départ, elle n'aurait pas été confrontée aux difficultés financières actuelles.

"La Symocel est restée la seule mission qui, depuis le début, a exigé de la CENI la publication complète des outils de planification. Jusqu'à présent, la CENI n'a jamais prouvé qu'elle avait élaboré ces outils. Cela signifie que la CENI a plongé l'opinion publique dans une confusion totale concernant le coût des élections, ne permettant même pas aux contribuables qui financent l'organisation des élections de savoir à quoi leur argent a été utilisé, ce qui est une très mauvaise pratique. À partir de ce moment-là, il est impossible de savoir de combien la CENI a besoin et à quoi elle veut affecter ces fonds. Pour la Symocel, la CENI ne sait pas gérer ce qu'on lui donne", a souligné le coordonnateur de cette organisation de la société civile spécialisée dans les questions électorales.

Dans un communiqué, la CENI avait annoncé le report sine die des élections des conseillers urbains, bourgmestres et bourgmestres adjoints, prévues le 19 juin 2024. Selon la commission électorale, ce report est dû à des contraintes d'ordre financier liées à l'organisation matérielle des scrutins. Ces scrutins devaient faire suite aux élections municipales du 20 décembre 2023.

Après les élections présidentielles, législatives nationales et provinciales de décembre 2023, la CENI éprouve d'énormes difficultés financières pour fonctionner et tenir son propre calendrier. Avant d'organiser les élections des sénateurs et des gouverneurs, la CENI a dû modifier son calendrier à plusieurs reprises.

Clément MUAMBA