La République Démocratique du Congo a célébré ce vendredi 2 août 2024 la journée nationale du génocide congolais pour des gains économiques "Génocost". Il était question au cours des différentes activités organisées sur l'ensemble du territoire national de rendre hommage aux dizaines de millions des morts, victimes des violences sexuelles liées aux conflits utilisés comme arme de guerre ou victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, ainsi qu’aux personnes qui leur ont apporté assistance.
Cette commémoration qui en est officiellement à sa deuxième édition était aussi l'occasion de rappeler à l’opinion nationale et internationale que pendant près de trois décennies, la RDC a été le théâtre des conflits armés orchestrés par certains États et puissances internationales, plus particulièrement dans sa partie orientale.
"Cette deuxième commémoration se tient pendant que nous faisons face particulièrement au Nord-Kivu à une agression de l'armée Rwandaise et de ses supplétifs terroristes du M23. Des massacres sont enregistrés et documentés sur des populations civiles sans défense notamment à Kishishe, Mungunga et dans plusieurs autres localités et qui constituent des graves violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme à travers les violences sexuelles utilisées délibérément comme arme de guerre. Je rassure tous les congolais et congolaises que notre résistance et notre résilience viendront à bout de nos agresseurs quoi qu'il en coûte", a prévenu la première ministre Judith Suminwa Tuluka dans son discours devant l'assistance réunie à la mairie de Kisangani dans la province de la Tshopo.
Pour la première ministre Judith Suminwa, la commémoration ou l'institutionnalisation de cette journée est une preuve que les victimes ne seront plus seules comme c'était le cas avant.
"Lors de la première commémoration du 2 août 2023, le Chef de l'État avait annoncé un jour nouveau qui se levait et un espoir qui renaissait pour nos victimes en les rassurant comme celà a été dit plus jamais elles ne seront seules. Ce cri du cœur exprimant son engagement personnel pour cette cause est devenu aujourd'hui la devise pour toute action visant la protection et la promotion des droits des victimes. À travers l'engagement du Président de la République, le gouvernement que je dirige a pris toutes les dispositions qui s'imposent pour ce faire", a indiqué Judith Suminwa Tuluka.
Sur le plan institutionnel, Judith Suminwa est revenue sur les efforts du gouvernement qui ont conduit à la mise en place de l'écosystème de réparation avec la création des fonds de réparation des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité (FONAREV) et du Fonds Spécial de réparation et d'indemnisation des victimes des actes illicites de l'Ouganda en République Démocratique du Congo ( FRIVAO).
"Ces établissements publics sont respectivement sous tutelle des ministères des droits humains et de la justice pour proposer des réformes et veiller à la mise en œuvre des programmes de réparation en faveur des victimes, la commission inter institutionnelle d'aide aux victimes et d'appui aux réformes fonctionnent comme organisme public sous l'autorité directe du Chef de l'État. Aussi, le Président de la République entend assumer son engagement pris personnellement devant les victimes, il n'y aura donc aucune tolérance en cas de faute ou des compromissions dans les chefs des animateurs des organismes qu'il vient de désigner", a prévenu la première ministre Judith Suminwa Tuluka.
Depuis quelques années, le gouvernement congolais s'inscrit dans le travail de mémoire, afin que tous ces morts ne soient plus oubliés. Cette mémorialisation est considérée comme l'un des leviers de la reconstruction de l'État-nation à travers notamment la fabrique identitaire d’un idéal national et d’une conscience historique.
Depuis plusieurs décennies des pays voisins, dont le Rwanda principalement, sont à l'origine d'importants conflits sur le territoire congolais, au cours desquels des populations civiles, entre autres les femmes et les enfants, font systématiquement l'objet de graves violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme, à travers des massacres et viols à grande échelle, des exécutions sommaires et assassinats ciblés ; le tout dans le silence assourdissant de la communauté internationale, ont toujours dénoncé les autorités congolaises.
C'est au regard de l'ampleur de ces crimes, qu'une journée nationale de commémoration du GENOCOST a été instituée par la loi n°22/065 du 26 décembre 2022, en hommage aux victimes et aux personnes qui leur ont rendu secours et assistance. Des victimes que la nation congolaise n'est pas près d'oublier.
Clément MUAMBA, depuis Kisangani