Les voix des Kinoises sur la SSR: entre tabous et aspirations

Photo/ Droits tiers
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A Kinshasa,  les jeunes filles que nous avons rencontrées nous ont fait part de leurs préoccupations liées à la santé sexuelle et reproductive (SSR). Les tabous, le manque d'information et les normes sociales pesantes freinent l'accès des jeunes filles à des services de santé adaptés et à une sexualité choisie et protégée.

"Je suis tombée enceinte l’année dernière à 19ans, je m’en suis rendu compte un mois après. Craignant d'être jugée, je n'en ai parlé à personne. Grâce à une amie, j'ai subi une interruption volontaire de grossesse, depuis, j'ai des saignements abondants à chaque cycle menstruel. Cette situation m'inquiète beaucoup" confie Cynthia, étudiante.

"Je voudrais pouvoir choisir quand avoir des enfants, mais je ne sais pas comment me protéger. Les préservatifs, c'est un sujet tabou dans mon entourage", renchéri Madeleine, mère célibataire.

"J'aspire à réaliser mon rêve de devenir danseuse professionnelle, mais la réalité des grossesses précoces chez mes amies me freine. Je me sens impuissante face à cette situation et culpabilise. Je suis convaincue que toutes les jeunes filles devraient avoir accès à une éducation sexuelle complète pour pouvoir faire des choix éclairés concernant leur avenir, " déclare Sophie, 23 ans.

Ces témoignages révèlent d'un besoin criant d'information et de services adaptés. Les jeunes filles de Kinshasa sont confrontées à de nombreux défis :

Le manque d'information: "l'éducation sexuelle est souvent absente des programmes scolaires ou abordée de manière superficielle, nous laissant désinformer et vulnérables", déplore Sophie.

Les tabous et les normes sociales: "les questions liées à la sexualité sont encore taboues, ce qui nous empêche d'en parler ouvertement avec nos parents,  nos enseignants ou nos pairs", relève Madeleine.

Les difficultés d'accès aux services: "les centres de santé sont souvent éloignés ou manquent de ressources pour offrir des services de SSR de qualité", note de son côté Cynthia.

Les kinoises en appellent à un changement profond. Ainsi pour améliorer la situation, elles préconisent de :

- Renforcer l'éducation sexuelle, à travers les programmes scolaires en incluant une éducation sexuelle complète, adaptée à l'âge et basée sur les preuves scientifiques.


- Briser les tabous, en sensibilisant les communautés, les familles et les médias à l'importance de parler ouvertement de sexualité.


- ⁠Améliorer l'accès aux services de SSR, en équipant les centres de santé et en formant le personnel pour offrir des services de qualité aux jeunes.


- ⁠Lutter contre les violences sexuelles, en mettant en place des politiques efficaces pour les prévenir et les réprimer.


Nancy Clémence Tshimueneka