Le journaliste Stanis Bujakera Tshiamala, Directeur de Publication adjoint d'ACTUALITE.CD et Correspondant de Jeune Afrique en RDC, a publié le week-end dernier des vidéos troublantes de l’intérieur du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK). Ces images inédites, documentées pendant sa détention de près de 7 mois dans cette maison carcérale, révèlent des conditions de vie alarmantes.
Selon ces vidéos, l'hébergement est marqué par la surpopulation, entraînant des décès fréquents par étouffement et diverses maladies. Les prisonniers dorment perchés sur les latrines, et des repas maigres et de mauvaise qualité sont servis une seule fois par jour entre 17 et 18 heures. La cuisine, faite au feu de bois, doit nourrir 15 000 personnes, et il n'y a pas d'eau potable au robinet. Les prisonniers font leurs besoins naturels à l'air libre, les latrines étant hors service ou inutilisables par manque d'eau. Les conditions réelles de détention dans la prison de Makala sont alarmantes et affreuses.
C'est dans ce contexte que le ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux Constant Mutamba a effectué samedi 27 juillet 2024 une descente au Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa (CPRK), aussi appelée prison centrale de Makala. Après avoir visité les différents pavillons en présence de la presse tant locale qu’internationale, il a constaté de visu les conditions dans lesquelles ces détenus sont logés, certains d’entre eux ayant pris la parole pour “dénoncer ce qu’ils vivent au quotidien...”.
Constant Mutamba a annoncé une série de mesures :
"J'ai d'abord instruit qu'il n'y ait plus aucun prisonnier qui passe la nuit en dehors d'une cellule, que tout prisonnier passe la nuit dans un lit. Nous avons également pris la mesure de réhabiliter rapidement toutes les toilettes de tous les pavillons, ainsi que le Centre de Santé, et de libérer rapidement les prisonniers qui ne doivent plus rester à Makala. C'est pourquoi chaque semaine nous allons signer des arrêtés de libération conditionnelle, mais dans un premier temps nous excluons de cette chaîne tous les prisonniers détourneurs des deniers publics de l'État," a dit le ministre Constant Mutamba devant la presse à l'issue de sa tournée.
Et de poursuivre :
"Nous conseillons que ceux qui ont détourné les deniers publics de l'État fassent l'objet de confiscation de leurs biens pour permettre aux gestionnaires de la chose publique d'être désormais conséquents, ceci dans le cadre de notre lutte contre la délinquance économique et financière."
Durant sa descente dans cette maison carcérale, Constant Mutamba a également visité le pavillon des mineurs. Dans le cadre du désengorgement de cette maison carcérale, des enfants mineurs vont également sortir de la prison de Makala. "Il faut dire que nous avons vu nous-mêmes les conditions de détention des mineurs et j'ai décidé également dans le cadre des mesures de libération de privilégier les enfants mineurs," a indiqué Constant Mutamba, ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux.
La plus vaste prison de la capitale congolaise, avec une capacité d’accueil théorique de 1 500 détenus, est située dans la commune de Selembao, à proximité de Makala, Bumbu, Ngiri-Ngiri et Bandalungwa. La prison de Makala héberge une population carcérale très diversifiée, composée de détenus en détention provisoire et de condamnés, de civils et de militaires, d’adultes, hommes et femmes, et de mineurs.
Depuis plusieurs décennies, la surpopulation chronique représente le principal défi pour la prison de Makala et le système carcéral congolais dans son ensemble. La capacité d'accueil initiale de 1 500 détenus est largement dépassée, avec dix fois plus de détenus que prévu depuis sa construction sous la colonisation. Les onze pavillons de la prison, dont un réservé aux femmes, abritent actuellement plus de 15 000 détenus.
Clément MUAMBA