RDC-M23: les États-Unis suivent de près les allégations de violations de la trêve et souhaitent capitaliser sa prolongation pour faire appliquer la feuille de route de Luanda

Les collines de Masisi vues à partir de Sake
Les collines de Masisi vues à partir de Sake

À la suite de l'explosion des bombes larguées par les rebelles du M23 soutenus par Kigali causant la mort d'au moins sept personnes cette semaine dans la cité de Bweremana (territoire de Masisi), Kinshasa a dénoncé le non-respect de la trêve humanitaire par les rebelles du M23. Dans le communiqué rendu public mercredi 17 juillet 2024 annonçant la prolongation de 15 jours supplémentaires de la trêve humanitaire dans la province du Nord-Kivu, les USA disent suivre de près ces allégations de violation de la trêve.

"Les États-Unis surveillent de près les allégations de violations de la trêve depuis le 5 juillet. Même si les parties au conflit ont largement respecté la trêve, nous condamnons la perte de vies civiles à Bweremana et travaillerons avec le mécanisme de vérification ad hoc pour enquêter sur cette affaire et sur d'autres situations potentielles violations et de tenir les parties responsables", dit la Maison Blanche. 

Les États-Unis d'Amérique souhaitent capitaliser cette période de prolongation de la trêve pour faire avancer les initiatives diplomatiques censées résoudre les tensions entre Kinshasa et Kigali.

"En soutien au processus de Luanda, nous nous engageons à travailler avec les gouvernements de la RDC, du Rwanda et de l'Angola pour utiliser cette prolongation de la trêve pour définir une série de mesures visant à parvenir à une cessation durable des hostilités et à établir les conditions du retour volontaire des populations déplacées".

La prolongation de la trêve humanitaire ira jusqu’au 3 août prochain.

La rébellion du M23 contrôle près d’une centaine de villages dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi et depuis fin juin elle a conquis quelques agglomérations du territoire de Lubero. Partout dans ces entités, les rebelles ont instauré une nouvelle administration avec des dirigeants de leur obédience.

Selon le mouvement citoyen Lucha, 87 villages sont occupés par l'armée rwandaise et le M23 dans les territoires de Rutshuru, Masisi, Nyiragongo et Lubero, dans la province du Nord-Kivu. Plusieurs rapports y compris celui des experts des Nations unies récemment publié confirment la présence des troupes rwandaises au Nord-Kivu. Le rapport mentionne que le Rwanda a déployé entre 3 000 et 4 000 de ses soldats sur le territoire congolais aux côtés des rebelles du M23. Un nombre de loin plus élevé que celui des combattants du M23, selon le document. Ce dernier donne aussi le rôle de l’Ouganda dans cette guerre. Le rapport affirme que des officiels ougandais ont permis le transit sans restriction des troupes du M23 et de l'armée rwandaise à travers l'Ouganda. Il indique également que des responsables du M23 ont été aperçus à plusieurs reprises cette année en Ouganda. Ce que la partie ougandaise rejette catégoriquement. 

Clément MUAMBA