Deux ans d'atrocités à Kwamouth : Garry Sakata propose un plan graduel, en commençant par le rétablissement de la paix par la force

Gary Sakata

Cela fait deux ans depuis le début de l'insécurité dans le territoire de Kwamouth, causée par le conflit entre les Teke et les Yaka, aboutissant à la formation d'une milice active dans cinq provinces du pays, dont le grand Bandundu.

Lors d'une interview à Actualité.cd mercredi 12 juin, l'un des élus de la région du Grand Bandundu, Garry Sakata, a recommandé un processus graduel et schématique pour résoudre cette crise sécuritaire. Il suggère que l'imposition de la paix par la force doit précéder toute négociation, suivie du retour des populations dans leurs milieux antérieurs au conflit et de l'organisation du dialogue sur les sites des conflits afin d'impliquer les véritables acteurs et victimes de ce conflit.

"... Nous ne voulons pas de dialogue dans les salles climatisées de Kinshasa par des personnes ou des chefs de groupements ou de villages qui n'ont suivi la situation que par voie de presse. Nous voulons que le dialogue puisse se faire entre les populations qui sont sur les sites, car ce sont elles qui ont connu les affres de cette insécurité. Les solutions proposées actuellement, où certaines personnes s'autoproclament chefs et rencontrent des autorités à Kinshasa, ne semblent pas être une indication pour trouver une paix durable. Cela se voit bien : on a signé quelques papiers, mais sur le terrain, on ne ressent absolument rien", a déclaré le député national élu de Bagata, Garry Sakata.

Il n'exclut pas la procédure judiciaire pour établir la responsabilité des bourreaux. Le député et professeur de droit estime que les conditions pour établir les crimes contre l'humanité sont réunies et que la justice devrait s'y pencher.

" Les conditions de crimes contre l'humanité, prévues par le Code pénal militaire, sont remplies chez les compatriotes qui ont commis ces actes odieux. Le parquet militaire doit intervenir en ouvrant des dossiers et en poursuivant les auteurs des crimes... Il faudrait que de grandes enquêtes puissent être ouvertes, que l'auditorat militaire ait les moyens de l'État pour se déployer sur le terrain", a recommandé l'élu de Bagata.

Garry Sakata annonce des initiatives parlementaires à l'intention des ministres de la Défense et de l'Intérieur afin d'obtenir des explications sur l'enlisement de ce conflit.

Le conflit à la base de ces affres remonte à juin 2022, au village Masiakwa. Les autorités coutumières locales (Teke) avaient décidé d'augmenter la quantité de la redevance coutumière de un à cinq sacs à la récolte, ce qui a suscité une vive protestation des agriculteurs, principalement les Yaka. Rapidement, un mouvement visant à chasser tous les non-originaires a été lancé, poussant certains habitants, qui n'étaient plus les bienvenus, à prendre les armes.

Jonathan Mesa, à Inongo