Atelier sur la gouvernance inclusive en RDC: les participants s'attèlent sur la capacité financière des femmes, jeunes et autochtones aux élections 

Atelier sur la gouvernance inclusive en RDC
Atelier sur la gouvernance inclusive en RDC

Programmé pour deux jours, l'atelier sur les stratégies inclusives pour une bonne gouvernance financière, électorale et des ressources naturelles en RDC s’est clôturé ce vendredi 7 juin à l'hôtel Béatrice à Kinshasa. 

Les échanges et travaux démarrés jeudi se sont poursuivis autour d’une nouvelle thématique :  la capacité financière des femmes, jeunes et autochtones aux élections, qui avait pour but d’explorer les défis et problèmes qui ne favorisent pas une bonne représentativité et participation de cette cible dans les activités électorales. Astrid Tambwe du mouvement Rien sans les femmes (RSLF) ; le député national Garry Sakata et Grace Lula, experte en matière électorale et membre du Cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO) ont été les trois panelistes.  

D’après Mme Tambwe, parmi les obstacles à la participation significative de la femme aux élections, il y a notamment la discrimination et le système patriacal au sein des partis politiques. Elle a aussi évoqué le fait que les femmes sont moins outillées et ont moins de capacité de mobilisation des ressources et manquent de réseaux formels ou informels qui peuvent financer leurs campagnes. 

« Nous avons comme approche le renforcement des capacités des femmes politiques et de la société pour faire des plaidoyers et le soutien aux campagnes de sensibilisation c’est-à-dire nous amenons des femmes à s’habituer avec leurs bases pour mener les campagnes sur l’égalité de genre, etc. », a dit Astrid Tambwe. 

A

Grace Lula est revenue sur le travail réalisé par le CAFCO lors du dernier processus électoral. Elle a indiqué qu’elles ont eu à coacher des femmes et particulièrement des candidates pour être suffisamment compétitives face à leurs collègues hommes. Mais elle note que parmi les goulots d’étranglement qui n’ont pas facilité leur élection, c’est le manque des moyens financiers. 

« Aujourd’hui, nous avons le résultat. Au niveau de l’Assemblée nationale, nous n’avons que 68 femmes élues, au niveau de la députation provinciale, sur 688 députés provinciaux, sans compter les chefs coutumiers cooptés, nous n’avons aussi qu’une soixantaine de femmes. Au niveau des conseillers communaux où beaucoup de femmes ont postulé, nous sommes à environ 24% de femmes élues », explique Mme Lula. 

Et d’ajouter : 

« Nous savons que la pauvreté a un visage féminin, des jeunes bien que munis des diplômes sont au chômage, dans des emplois moins rémunérateurs, et le peuple autochtone pygmée - presqu’invisibles -  encore moins. Aujourd’hui, les élections riment avec les gros sous ». D’où son appel à la revisitation des textes légaux notamment la loi électorale pour notamment élaguer la question d’offrir des présents à la population pendant la campagne électorale. « Aujourd’hui, personne n’écoute un discours. On regarde ce qu’il y a dans l’enveloppe », insiste-t-elle.  

Des recommandations des participants 

Comme lors du jour inaugural, la deuxième partie de l’atelier était consacrée aux travaux en groupe dirigés par Merveille Gozo, avocate, membre de la société civile et consultante chargée de formations à IRI. Les participants ont formulé des recommandations de réformes de la loi électorale pour une meilleure participation des groupes marginalisés (femmes, jeunes et autochtones). 

Les participants ont relevé les points positifs du cadre légal électoral congolais, tout en martelant sur les dispositions qui nécessitent une amélioration du législateur afin que l’inclusivité en RDC soit effective ; ils ont aussi soulevé les bonnes pratiques ailleurs qui favorisent une inclusion financière notamment en Afrique du Sud et au Kenya où les citoyens sont impliqués dans la gestion des ressources et l’Etat assure plus ou moins une redistribution équitable. Ils suggèrent que l’Etat congolais puisse s’engager à l’assainissement en renforçant le contrôle à tous les niveaux ; Ils se sont également engagés à poursuivre les échanges pour améliorer le plaidoyer pour la responsabilisation de toutes les parties prenantes.

Rappelons que cet atelier avait pour objectif de dépasser la simple prise de conscience des problèmes pour développer des stratégies pratiques, réalistes et actionnables pour favoriser une gouvernance inclusive des finances publiques, des fonds électoraux et des ressources naturelles, à tous les niveaux. Il a été organisé par l’Institut républicain international (IRI), la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) et Ebuteli - institut congolais de recherche, partenaire du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) -. 

Japhet Toko