Les vendeurs de manioc font la loi dans la ville de Kenge. Il s'agit, à la fois d'un produit qui sert à la fabrication de l'aliment de base. Le produit est le plus coûteux et le plus rare sur le marché. Sa culture n'est pratiquée que par quelques ménages pour des besoins de subsistance et non de commercialisation. Du coup, les vendeurs sont tenus de le chercher à plus de 50 kilomètres, soit au village de Misele et environs. Ici, ils achètent le sac à 75. 000 FC voire 80. 000 FC. De retour à Kenge, le produit qui passe par la RN 1 coûte 150. 000 FC, soit un taux d'intérêt de 100%.
Micheline Manunga, vendeuse de manioc rencontrée au marché central de Kenge jeudi, a indiqué que ces produits finissent sur le marché quelques jours seulement, suite à une forte demande. Elle justifie la hausse de prix par la rareté et le mauvais état des routes à l'intérieur de Misele avant d'emprunter la RN 1. En sus, une faible production dans les villages.
"Les produits viennent rarement. Si c'est en petite quantité, je vais augmenter le prix, s'il y a abondance, le prix va baisser. Les agriculteurs ne travaillent plus. En plus, les routes ne sont pas en bon état. On souffre pour amener les sacs ici", a confié cette vendeuse.
Outre les raisons susévoquées, le président des vendeurs du marché de Kenge pointe du doigt ses pairs qui exagèrent le prix pour des intérêts excessifs.
"Peu importe le prix d'achat, ils haussent le prix à dessein. Si les vendeurs décident de vendre le gobelet à 1000 FC, 1200 FC, ça reste comme ça. Personne ne va négocier", a-t-il déclaré.
La mairie de Kenge ne joue pas grand rôle pour contourner ce qui peut amener à une crise alimentaire au chef-lieu du Kwango. L'autorité appelle les grands commerçants de la ville de Kenge à engager leurs véhicules sur les routes afin d'approvisionner le marché, situation qui va conduire à la baisse du prix.
"Qu'ils partent dans des villages, acheter les manioc et approvisionner le marché. Nous avons des entrepôts ici, construits dans les normes, mais qui sont vides", a déclaré Noël Kuketuka, maire de la ville de Kenge.
Outre le manioc, plusieurs autres produits sont devenus rares sur le marché de Kenge. Ce sont notamment les chenilles, les arachides et la tomate.
Province agricole, le Kwango a bénéficié du projet Parc agro-industriel de Bukangalonzo qui a accouché d'une souris. Ce projet est né à la suite de l'adoption en 2013 du Programme National d'Investissement Agricole (PNIA). Ce document prévoyait notamment la construction de parcs agro-industriels à travers l'ensemble du pays. Bukanga Lonzo était alors considéré comme une initiative pilote dans le but de contribuer à l'autosuffisance alimentaire et de créer des emplois, contribuer à la réduction de la pauvreté et à l'accroissement de la productivité agricole.
Jonathan Mesa à Kenge