RDC : Kinshasa abrite un atelier de réflexion et d'élaboration de la feuille de route de l'initiative santé mentale au travail 

Phobie
Atelier de réflexion et d'élaboration de la feuille de route de l'initiative santé mentale au travail

La RDC fait face à différents défis dans plusieurs secteurs de la vie nationale. Parmi les plus urgents, la question de l’insécurité, la faim, les catastrophes naturelles et bien d’autres. Ces problèmes répercutés sur la population créent un état psychologique non idéal pour une personne normale selon les spécialistes. D’où le problème de santé mentale en général, puis de santé mentale au travail pour ceux qui travaillent au quotidien.

Dans un pays où la grande partie de la population vit avec moins d’un dollar par jour, mais qui se frotte à beaucoup de travaux « au taux du jour », il n’est pas étonnant de se retrouver avec de nombreux cas de problèmes de santé mentale. Le chiffre exact n’étant pas disponible vu le manque même de recensement de la population congolaise, le chiffre de plus de 20 millions de personnes touchées a été évoqué par le ministère de la santé l’année dernière.

Palier le problème 

Pour prendre la mesure de la situation, deux programmes du ministère congolais de la santé, en l’occurrence le programme national de santé mentale et le programme santé au travail, sont en atelier à Kinshasa pendant 5 jours pour élaborer une feuille de route de l'initiative santé mentale au travail pour la RDC. Plusieurs organisations prennent part à ces échanges telles que l’USAID, l’UNFPA, PNSM, PNMLS ou encore l’Organisation Mondiale contre les Drogues, et bien d’autres.

Les experts travaillent à faire l’état des lieux, édicter les normes, élaborer les protocoles de prise en charge, assurer les capacités des acteurs, assurer la recherche en santé. Le soubassement global de cette démarche est la déclaration conjointe de l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Organisation Internationale du Travail en septembre 2022. 

« Il s’agira aussi de procéder à des états des lieux, ce qui se passe sur le plan mental chez les travailleurs en RDC et sur base de ces données, on pourra élaborer des politiques et des stratégies pour prévenir différents problèmes de santé mentale au travail qui sauverait la santé physique des travailleurs », a fait savoir Docteur Samba Gédéon, directeur programme national de santé mentale. 

Promouvoir la santé mentale en milieu du travail au Congo, c’est assurer le développement durable de la RDC, ajoute le docteur : « La plupart des problèmes de santé physique que vivent les travailleurs et des millions de journées de travail perdues en milieu des emplois relèvent d’abord des problèmes de santé mentale qui répercutent après sur la santé physique. Voilà pourquoi, prévenir ce programme là en milieu des travailleurs va assurer la bonne santé et par ricochet, augmenter la productivité et les performances des travailleurs, et contribuer à booster l’économie du pays. » 

La santé mentale et les drogues 

La Fédération mondiale contre les drogues participe à travers son directeur pays à ces assises. Il dit tout son  intérêt de participer à cette réflexion afin d’élaborer les stratégies tenant compte de la prise des drogues ou toute autre substance psychotrope.

« Il y a une corrélation entre la santé mentale et l’abus de drogue ou les troubles liés à l’usage des substances psychotrope. C’est une très belle initiative qui nous permet de conjuguer nos efforts parce que la santé mentale est transversale tout comme l’usage ou consommation des drogues, elle touche à tous les aspects de la vie. Surtout en ce qui concerne la vie au travail parce que beaucoup de travailleurs sont victimes de troubles liés à la santé mentale mais également victimes des troubles liés à la consommation des drogues et des substances psychotropes », a dit Dandy Yela Y’Olemba, Directeur pays de la Fédération mondiale contre les drogues, à l’ouverture de l’atelier.

Il considère que dans la stratégie qui sera mise en place, dans la feuille de route qui sera élaborée, il faut que l’aspect trouble lié à l’usage des substances ou consommation des drogues soit également intégré. « Si cet aspect n’est pas pris en compte, ce sera comme un travail qui est fait, pas dans la totalité », insiste Dandy Yela Y’Olemba. 

La santé mentale, un droit humain universel

À Kinshasa, le silence qui entoure la santé mentale est un défi que la société congolaise ne peut plus ignorer. L’OMS lançait, en janvier dernier, un appel pressant à la communauté congolaise pour engager des conversations d’empathies autour des enjeux de santé mentale. 

Cet atelier de réflexion qui s’est ouvert le 16 avril ira jusqu’au 20 avril, à Kinshasa, à l’hôtel Héléna. A l’issue de l’atelier, une feuille de route sur l’initiative santé mentale au travail (ISMET) sortira pour sceller les discussions. Il s’agit de définir les grandes étapes pour implémenter cette initiative de santé mentale au travail tant dans les milieux publics que privés.

En RDC, la situation de la santé mentale demeure alarmante, d'après le ministère de la santé, environ 20 millions de congolais sont atteints de troubles mentaux. L’organisation mondiale de la santé a sensibilisé sur la question en mettant au cœur de la journée, le 10 octobre 2023, mondiale de la santé mentale le thème « la santé mentale est un droit humain universel ». 

Plusieurs facteurs sont à la base des troubles de santé mentale en RDC. Le pays est frappé par une crise alimentaire sévère, en dépit de ses 80 millions d’hectares des terres arables et de ses étendues d’eaux et de forêts. Et plus de 60% de la population congolaise vivent dans une insécurité alimentaire modérée ou sévère, pendant que 40% des enfants congolais sont en retard de croissance à la suite de la sous-alimentation. 

La faim plane sur le pays et il suffit d'un choc pour plonger des millions de personnes supplémentaires dans une insécurité alimentaire extrême.

Kuzamba Mbuangu