Alors que la RDC a levé le moratoire sur la peine de mort, plusieurs voix s’élèvent contre celle-ci. Parmi elles, Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018 et candidat président de la république en 2023. Connu pour son militantisme pour la justice en RDC, le gynécologue qualifie l’application de la peine de mort d’une décision inconstitutionnelle et qui “illustre une dérive autoritaire et un recul inquiétant du système de protection national droits humains”.
« Cette mesure populiste est particulièrement dangereuse dans un pays où la justice est dysfonctionnelle et “malade”, le déficit d’indépendance et d’impartialité du système judiciaire est notoire et la justice militaire ne prévoit pas de double degré de juridiction, en violation des garanties procédurales inhérentes à un procès équitable », a écrit Dénis Mukwege dans un tweet ce samedi 16 mars.
Pour l’initiateur de la fondation Panzi, il faut plutôt une certaine réforme de la justice.
« De nombreuses études ont démontré le caractère non dissuasif de la peine de mort. Nous prônons l’abolition pure et simple de la peine de mort et une réforme profonde des secteurs de la sécurité et de la justice pour consolider un état de droit protecteur des libertés fondamentales », ajoute-t-il.
Le gouvernement justifie cette démarche dans l'objectif de "débarrasser l'armée de notre pays des traîtres d'une part et d'endiguer la recrudescence d'actes de terrorisme et de banditisme urbain entrainant mort d'hommes d'autre part", en exécution de la décision prise lors de la cent-vingt-quatrième réunion ordinaire du Conseil des Ministres.
En outre, l’organisation de la société civile dénommée La Voix des Sans Voix (VSV) a exprimé son opposition ferme à la proposition de lever le moratoire sur la peine de mort en RDC. Elle souligne fermement que l'application de la peine de mort est un traitement cruel et inhumain contraire aux principes fondamentaux des droits humains.
Plutôt que de recourir à la peine de mort, la VSV préconise l'application des sanctions exemplaires et sévères, conformes aux lois congolaises et aux normes internationales des droits de l'homme. Cela pourrait inclure des condamnations à la prison à vie, des renvois ou des radiations des forces de l’ordre et de sécurité pour toute personne accusée de trahison.
Kuzamba Mbuangu