L'actualité de la semaine vue par Christine Bijika 

Photo/ Droits tiers
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De l'ouverture de la session inaugurale à l'Assemblée nationale à la qualification des léopards en demi-finale de la CAN en passant par l'appel des évêques d'Afrique au dialogue pour le retour de la paix dans l'Est, la semaine qui vient de s'achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Christine Bijika.

Bonjour madame Christine Bijika, Pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?

Christine Bijika : je suis coordinatrice nationale de COOPEC Épargne (structure spécialisée dans l'octroi des crédits) et assistante financière à la fondation EUREKA.

La plénière inaugurale de l'Assemblée nationale a été ouverte le 29 janvier 2024. Qu'attendez-vous de cette nouvelle législature en matière de protection des droits de la femme ?

Christine Bijika J'attends de cette législature des réformes et des lois portant sur la protection des droits de la femme. Mais aussi des mesures d'application pour faire respecter celles qui existent déjà afin de garantir à la femme une vie libre et aisée. Je souhaite que pendant cette législature il y ait une loi rendant obligatoire la parité dans les postes de nomination dans des institutions publiques pour promouvoir l'égalité entre les genres. 

Parmi les nouveaux élus à l'Assemblée nationale, les femmes représentent 13 %. Avec ce taux, pensez-vous que ces élues pourront faire entendre leur voix et imposer un nouveau leadership féminin en politique ?

Christine Bijika : Avec un peu de volonté, de courage et de détermination, elles sont capables de faire changer les choses. Si aujourd'hui les femmes sont arrivées jusqu'à 13 %, elles sont capables de mieux faire. Elles doivent maintenant se concentrer sur l'essentiel, se battre au quotidien pour les intérêts des Congolais afin de mieux justifier et multiplier cette confiance qu'ils ont placée en elles.

Sans attendre une décision concertée de l'opposition, le parti LGD de Matata a levé l'option de participer aux travaux de l'Assemblée nationale issue des dernières élections. Peut-on dire que cette décision reflète une inconstance au sein de l'opposition ?

Christine Bijika Dès le départ, les leaders de l'opposition n'avaient pas de constance dans toutes leurs sorties publiques. Et ce n'est pas étonnant de voir aujourd'hui Matata Ponyo chercher à avoir de sa part du gâteau. Ce qui démontre que tous sont là pour leurs intérêts. Ils ont crié à la fraude électorale, mais aujourd'hui ils acceptent au moins les résultats de cette fraude. Où est la part du peuple pour lequel ils disaient se battre ? Bref, il n'y a jamais eu d'opposition en RDC depuis l'accession de l'UDPS au pouvoir. Ce sont juste des regroupements d'individus frustrés.

Vital Kamerhe, Julien Paluku et Tony Kanku se sont réunis pour lancer la plate-forme « Pacte pour un Congo retrouvé » au sein de l'union sacrée. Pensez-vous que ce regroupement a été créé pour rechercher des postes ministériels ?

Christine Bijika Cette manière de faire de nos politiques est vraiment déplorable. Si cette plateforme a été créée pour soutenir les actions de Félix Tshisekedi, quel était l'objectif de l'Union sacrée ? Tous courent derrière leurs intérêts et le président doit cette fois-ci ouvrir l'œil et prendre conscience qu'il n'a aucune excuse. Il doit s'imposer grâce à sa majorité pour barrer la route à toutes ces manœuvres et ne rechercher que le bien des Congolais. 

Le VPM de l'Intérieur, Peter Kazadi, a réhabilité les gouverneurs cités dans la fraude électorale par la CENI. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

Christine Bijika : ça prouve de l'amateurisme dont font preuve les autorités congolaises. Le gouverneur Ngobila a été réhabilité même pas une semaine après sa suspension. Ça démontre que la décision de le suspendre a été prise à la hâte, sans avoir étudié profondément le cas. Lorsqu'on est un homme d'État, on doit apprendre à réfléchir et à faire les choses dans les normes et les règles afin d'imposer le respect.

Face aux conflits qui sévissent dans l'Est, les évêques catholiques d'Afrique ont le week-end dernier appelé au dialogue pour le retour de la paix. Cette mesure peut-elle encore être envisageable selon vous ?

Christine Bijika : Une mesure dépassée, qui ne peut plus être envisageable selon moi. Toutes les tentatives allant dans ce sens n'ont jamais ramené la paix dans l'Est. La seule mesure et option qui reste est la déclaration ouverte de guerre au Rwanda. 

Toujours dans l'objectif de garantir la sécurité au peuple, le patron de la police de Kinshasa a affirmé que désormais tout KULUNA arrêté sera déféré devant la justice militaire. Pensez-vous que cette mesure pourra permettre de lutter efficacement contre le banditisme urbain à Kinshasa ?

Christine Bijika : Ces mêmes agents de l'ordre et de sécurité sont complices des délinquants qui font souffrir le peuple. La justice doit nous aider en appliquant rigoureusement la loi, surtout face aux criminels qui tuent et blessent les paisibles citoyens. Il faudra élargir le champ d'action et arrêter tous les militaires et policiers complices de ces inciviques.

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur départ de la CEDEAO. Est-ce que ceci pourrait pérenniser la crise du fait de la prise de pouvoir par les militaires dans leurs pays respectifs, selon vous ?

Christine Bijika D'une part, je comprends que les militaires au pouvoir dans ces pays soient fatigués des manœuvres de toutes ces organisations régionales et sous-régionales. Pourquoi elles n'interviennent jamais quand le peuple souffre, quand les présidents s'éternisent au pouvoir ? Et d'autre part, je ne partage pas l'option de la prise de pouvoir par les armes. Il faut laisser le choix aux peuples d'élire paisiblement leurs dirigeants. Ce retrait de la CEDEAO devrait interpeler toutes les parties prenantes pour qu'elles apprennent à privilégier les intérêts des citoyens en lieu et place d'être complices de leurs collègues qui s'éternisent au pouvoir comme si c'était un royaume.

Trois personnes ont été tuées et près de 300 autres admises dans des hôpitaux au Kenya à la suite d'un incendie provoqué par une explosion de gaz. Quelles mesures sécuritaires pouvez-vous préconiser pour éviter pareille situation dans l'avenir ?

Christine Bijika Le gouvernement devrait prendre des mesures pour éviter que les camions ayant des produits inflammables circulent dans des quartiers habitables sans protection. Il faudra aussi que les brigades de pompiers soient suffisamment équipées pour intervenir le plus rapidement possible en cas d'incendie.  Les sociétés pétrolières doivent également équiper leurs camions avec des extincteurs de secours pour limiter les dégâts.

En sport, la RDC s'est enfin qualifiée pour la demi-finale. Comment jugez-vous les performances des Léopards depuis le début de cette CAN ?

Christine Bijika : Ceci prouve que la RDC est en train d'avancer et de se développer. On ne pouvait pas imaginer les Léopards même en quarts de finale, mais aujourd'hui, ils sont en demi-finale. Ils ont toute notre confiance et tout notre espoir. C'est certain, cette CAN nous appartient.

Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka