Affaire Pasteur Pierre Kasambakana : "On essaie de s'opposer à ces pratiques en tant que mères, mais le dernier mot revient aux hommes" (Kinoises)

Photo/ Droits tiers
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Arrêté et conduit à la prison centrale de Makala pour mariage forcé et viol, le pasteur Pierre Kasambakana, responsable de l'église primitive, n'est pas seulement connu pour ses unions avec les mineures, mais aussi pour ses prédications qui soutiennent la polygamie.

Des idéologies que fustigent certaines de ses fidèles qui estiment que le temps où la femme était prise pour de la marchandise est révolu. Les droits de l'Homme doivent être respectés comme le prône la Constitution. 

"On essaie toujours d'intervenir, en tant que mère, en s'opposant à ces unions avec les enfants, mais le dernier mot revient aux hommes", souligne l'une des fidèles de l'église primitive située au n0197, avenue Kabinda, dans la commune de Lingwala à Kinshasa. 

Une indignation que partage également Mamy, une ancienne fidèle de cette église. 

"On se disputait trop avec mon mari par rapport à cette affaire. » Il me tabassait chaque fois que j'essayais d'aller à l'encontre de ce qu'on nous prêchait. Mais depuis sa mort, j'ai quitté l'Église et tout abandonné. En tant que femme, on mérite respect et considération."

Une autre fidèle s'interroge sur tous ces dogmes et tente de se persuader au sujet de leur sacralité. 

"On doit être soumis à nos maris, comme dit la Bible. Mais des fois, j'ai l'impression de ne pas vivre pleinement ma liberté en tant qu'être humain. Mais comme c'est la parole de Dieu, on ne peut pas faire le contraire, on obéit sans poser des questions ni chercher à comprendre."

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Pour Vincent Bauna, analyste sociologue et assistant au département des Lettres et civilisations africaines de l'université de Kinshasa, cette attitude des femmes relève de l'endoctrinement religieux dont elles sont victimes. 

" On leur a fait croire que cette manière de faire et de vivre était normale et elles y ont cru jusqu'à faire de ces normes la base de leur vie. Cette façon de faire est un acte cruel, qui piétine complètement les droits de la femme en faisant de la femme une chose et en transformant le mariage en un lieu d'esclavagisme pour elle."

L'enseignant appelle cependant les associations des droits de la femme à informer et à former la femme sur ses droits et ses valeurs afin de prévenir pareille catastrophe

"Les ONG des droits des femmes doivent jouer pleinement leur rôle dans cette affaire en commençant par la vulgarisation de toutes les lois portant protection des droits de la femme, ensuite elles doivent instruire les femmes sur tous ces textes pour les armer à faire respecter leurs droits et leur permettre de jouir pleinement de leur liberté et de vivre aisément en tant qu'être humain. Enfin, sensibiliser et veiller à l'éducation de la jeune fille en milieu rural tout comme urbain. De même que les us et coutumes sont respectés, les valeurs, les mœurs et les droits des êtres doivent également être respectés."

Pour eux, l'église primitive du pasteur Pierre Kasambakana doit être fermée partout en RDC pour éradiquer cette doctrine.

"Bien qu'il soit en prison, ses partisans sont toujours dehors et continuent à propager son idéologie. Cette église doit être fermée pour mettre fin à ce système. L'État doit veiller sur les idéologies et les principes de toute association, tout regroupement communautaire qui nait, afin de réglementer toute pratique apparente à la discrimination basée sur le genre et permettre à chaque citoyen de jouir pleinement de sa liberté."

Meda Mabiala est née le 29 septembre 2009, selon la date de naissance reprise sur son brevet du cycle terminal d'éducation de base, et pasteur Pierre Kasambakana aurait 70 ans.

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Nancy Clémence Tshimueneka