L’enregistrement sonore a suscité un tollé sur les réseaux sociaux. On y entend la voix identifiée comme celle d’André Mbata, premier vice-président de l’Assemblée nationale en République démocratique du Congo (RDC), déclarant vouloir s'opposer à la liste des députés de l’Alliance des Forces démocratiques du Congo (AFDC-A), un regroupement politique dirigé par le président du sénat en RDC, Modeste Bahati.
Durant les opérations de vote et de dépouillement qui ont eu lieu depuis le 20 décembre dernier en RDC, plusieurs incidents ont été signalés. Des individus ont installé des machines à voter et exercé des pressions sur les agents temporaires de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Le rapport préliminaire de la mission d'observation électorale des églises catholique et protestante a relevé 247 cas d'achat de vote, 49 cas de bourrage d'urnes et 180 cas d'intimidation ou de harcèlement des agents, perpétrés par les candidats pour obtenir plus de votes.
"Un complot pour nous voler les sièges"
Le regroupement de Modeste Bahati accuse André Mbata de vouloir "voler" plusieurs sièges aux élections législatives nationales et provinciales. Il se base sur la conversation téléphonique mentionnée précédemment et dénonce ce qu'il qualifie de complot de la part du premier vice-président de l’Assemblée nationale.
"Le complot consiste à voler les sièges à l’AFDC-A à la députation nationale et provinciale au profit des cadres de son obédience", a déclaré Guy-Richard Malongo, secrétaire général de l’AFDC-A, dans une déclaration. Il affirme être déterminé "à défendre leurs droits et leurs sièges conformément à la volonté clairement exprimée par le peuple congolais lors des élections de décembre 2023 sur l'étendue du territoire national".
S'adressant particulièrement à André Mbata, Guy-Richard Malongo a averti tout individu "s'adonnant au pouvoir et à l'autorité de triturer les résultats des élections de décembre 2023". Il demande à la Céni de "ne pas céder à toute forme de pression politique au risque de compromettre" le travail ayant abouti à la réélection de Félix Tshisekedi.
Le regroupement de Bahati va plus loin, exigeant des poursuites judiciaires contre André Mbata, car ses "propos risquent de provoquer le soulèvement populaire suite à son obstination à la tricherie sur le fond de la haine et de la jalousie à l’encontre de son autorité morale", a déclaré fermement Guy-Richard Malongo.
Ces accusations ne sont pas à prendre à la légère, elles soulèvent des interrogations sur l'impact que certains hauts cadres politiques et animateurs des institutions peuvent avoir sur les résultats électoraux.
Un démenti formel
André Mbata nie être l'auteur de la voix de la conversation. Selon lui, il s'agirait d'un montage grâce aux "progrès technologiques avec l'intelligence artificielle", où "la ressemblance des voix ne suffit pas", a-t-il écrit dans un communiqué.
"Il n’a pas de problème contre le président de l’AFDC-A", précise-t-il, indiquant avoir instruit ses avocats "d’utiliser toutes les voies de droit et de saisir les organes judiciaires compétents de la République pour poursuivre toutes les personnes mal intentionnées qui sont à la base de la circulation ou celles qui vont continuer à faire circuler cet audio fabriqué dans certains laboratoires politiques de l’AFDC-A en violation de la loi pénale et de bonnes mœurs", conclut son communiqué.
Pendant ce temps, la Céni a reporté à une date ultérieure la publication des résultats provisoires des élections législatives nationales, initialement prévue le mercredi dernier.
Bruno Nsaka