Trésor Kibangula : “Beaucoup de Congolais ont adhéré aux discours de Félix Tshisekedi, mêlant une rhétorique nationaliste anti-Rwanda et touchant les fibres identitaires” 

Félix Tshisekedi
Félix Tshisekedi en campagne électorale à Lubumbashi

Félix Tshisekedi, candidat à sa propre succession, a continué à impressionner au cours de la publication des résultats partiels de l'élection présidentielle par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Selon les derniers chiffres, le candidat numéro 20 domine largement avec 9 539 315 voix sur 12 544 581, soit 76,04%.

Interrogé sur les raisons de cette avance, Trésor Kibangula, analyste à Ebuteli, Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, estime que la "rhétorique nationaliste anti-Rwanda" adoptée par Félix Tshisekedi durant sa campagne électorale a été déterminante. Il souligne que ce discours a suscité un changement d'opinion au sein de la population congolaise, face à l'agression attribuée au Rwanda via ses soutiens du M23.

"Durant la campagne électorale, une dynamique s'est opérée, le Président Félix Tshisekedi et certains de ses rivaux étaient en compétition. Avant la campagne, le rapport de force était incertain, mais quelque chose s'est produit pendant celle-ci. Il y a eu une rhétorique assez nationaliste anti-Rwanda, un discours touchant les fibres identitaires développé par le candidat Président Félix Tshisekedi, qui a marché. Les Congolais se sont reconnus dans ce discours, en particulier avec le contexte de guerre à l'Est", a expliqué Trésor Kibangula lors d'une interview avec ACTUALITE.CD le jeudi 28 décembre 2023 depuis le centre Bosolo de la Commission Électorale Nationale Indépendante.

Kibangula a également observé que Félix Tshisekedi a imposé un thème de campagne forçant ses adversaires à réagir aux allégations de celui-ci.

"Il a mené sa campagne en imposant le thème, on a vu ses adversaires tenter de répondre à ce qu'il disait, prétendant être les candidats de l'étranger alors qu'il voyage lui-même à l'étranger et a grandi à l'étranger. Sur le Rwanda, lui pouvait citer le Rwanda et les autres ne le faisaient pas. Il a donc imposé un thème de campagne axé sur l'anti-Rwanda et l'anti-candidat étranger, ce qui semble avoir fonctionné", a ajouté l'ancien journaliste de Jeûne Afrique.

Lorsqu'interrogé sur la crédibilité du processus électoral, Kibangula a répondu : "Je ne pense pas que l'histoire politique congolaise retiendra ces élections comme étant les meilleurs scrutins que le pays a connus".

Malgré la domination de Félix Tshisekedi dans la phase partielle des résultats, l'opposition rejette catégoriquement ces chiffres. Martin Fayulu et d'autres candidats à la présidence dénoncent des distorsions entre les résultats annoncés et la réalité observée sur le terrain. Moïse Katumbi exprime sa solidarité et annonce des actions futures.

Olivier Kamitatu, porte-parole de Moïse Katumbi, qualifie la Cour constitutionnelle de dernier rempart du régime en place, confirmant ainsi que Katumbi n'a pas l'intention de recourir à cette instance pour les contentieux électoraux en cours.

Clément MUAMBA