Sango ya bomoko est le programme de Kinshasa News Lab qui lutte contre les discours de haine et tribalistes ainsi que la désinformation susceptibles de briser la cohésion sociale. Voici deux des discours collectés par nos équipes et traités dans le bulletin n°23. « Depuis toujours les Katangais ont été des vrais méchants. Pour preuve, ils nous ont amené des empoisonnements ici. Tous les mauvais plans, des criminalités, de balkanisation sont venus des Katangais. Quelle honte pour ces genres de personnes ». Ce message a été collecté à Kinshasa sur Facebook. Un autre, également collecté à Kinshasa dans une discussion communautaire, indique ce qui suit : « On n’encourage pas la justice populaire, mais il faut voir ce que nos frères du Kasaï font à nos frères katangais. Tu peux condamner parce qu’ils ne l’ont pas fait à ton frère du sang, alors nous devons les conseiller de ne plus jouer à ce jeu-là parce qu’ils ne sont pas dans leur province (…) ».
Ce qu’il faut retenir
Le maintien de la cohésion sociale passe aussi par la lutte contre des messages séparatistes comme l’illustrent les affirmations ci-dessus. Le premier discours, par exemple, n’est basé sur aucun fondement ni aucune source.
Comme nous l’avions dit dans nos précédents bulletins, notamment le n°8 et plus récemment le n°15, la problématique de criminalité est réelle en République Démocratique du Congo (RDC). Cependant, il faut noter que la criminalité est un fait social à caractère impersonnel et qui ne possède aucune identité culturelle.
Aucune tribu, aucune communauté ne peut être indexée comme responsable d’un comportement culturel. Il en est ainsi pour des accusations d’empoisonnement qui d’ailleurs sont dépourvues de sources probantes. Certes que les auteurs des crimes ont une identité culturelle mais qui n’a rien à voir avec le reste de leur communauté. En ce qui concerne la rumeur sur le conflit communautaire entre Kasaïens et Katangais à moins d’un mois des élections, il est à noter que le Président de la République avait, lors de son discours sur l’Etat de la Nation, appelé le pouvoir public à tout mettre en œuvre pour stopper en toute urgence ce climat d’hostilité. C’était le mardi 14 novembre 2023 dernier dans son dit discours.
Les accusations mutuelles entre différentes communautés, se rejetant les responsabilités des faits criminels ne sont favorables ni à la recherche de la paix, ni à la promotion de l’unité et de la cohésion sociale. Il est impérieux que les leaders communautaires et les cadres de base jouent leur rôle de rassembleur pour mettre fin à cette situation qui, du reste est susceptible de tourner au pire.