Chronique électorale de ACTUALITECD (J2): Katumbi renforcé par des ralliements, Mukwege prêt à contre-attaquer?

Kash/Série électorale
Kash/Série électorale

L'incertitude planait sur le sort du candidat. L'audience du 13 novembre s'est avérée déterminante. Un soulagement étreignit l'entourage de l'ancien Premier ministre lorsque la Cour constitutionnelle a renvoyé l’audience du procès dans l'affaire Bukanga-Lonzo à mars 2024. Bien que l'épée de Damoclès demeurait, elle s'éloignait légèrement de sa tête. La candidature confirmée, l'équipe de campagne révélée et le rapprochement avec Moise Katumbi, Denis Mukwege et Delly Sesanga renforcé, Matata Ponyo était en lice pour la candidature commune de l'opposition. Cependant, tout s'est accéléré dès le premier jour de la campagne.

Habillé toujours de sa légendaire cravate rouge, lunettes bien ajustées en 5’45’’, il a attaqué le bilan de Félix Tshisekedi et a annoncé son désistement en faveur de Moise Katumbi. Il a également exhorté Delly Sesanga et Denis Mukwege à lui emboîter le pas. Le timing était parfait, étant le premier candidat à le faire, sa déclaration précédant d'un jour le lancement de la campagne de Moise Katumbi. La toile s'embrase, les médias relaient, les soutiens de Katumbi jubilent. Matata Ponyo rejoint l'équipe de campagne de l'ex-gouverneur et promet de battre campagne pour lui. Ses partisans expliquent que Katumbi remplit les cinq critères établis par les délégués de l'opposition à Pretoria pour être le candidat commun : "leadership visionnaire, charisme, gestion, capacité de mobilisation et organisation politique". En d'autres termes, ils affirment que Katumbi a plus de chances de battre Félix Tshisekedi. 

Cette annonce a suscité la colère de l'équipe de Denis Mukwege et de celle de Delly Sesanga. Le conseiller du Prix Nobel de la paix regrette même sa participation aux travaux de Pretoria, redoutant un piège, car il était prévu que les leaders de l'opposition poursuivent les discussions pour parvenir à un accord. Les désistements unilatéraux comme celui de Matata Ponyo n'étaient pas envisagés. C'est également l'opinion de Delly Sesanga, dont les proches blâment Matata Ponyo d'avoir mis la pression sur les deux autres candidats par sa sortie médiatique. À bien regarder, Matata Ponyo ne pouvait se rapprocher que de Moise Katumbi. Sa relation tendue avec Martin Fayulu rendait une alliance entre les deux hommes improbable. De plus, ses proches estiment que Denis Mukwege ne dispose pas des moyens pour remporter la présidentielle.

Au deuxième jour de la campagne, Seth Kikuni s'est également manifesté. Il met fin à un flottement, lui qui était jusqu'à une semaine plus proche de Martin Fayulu. Trois jours auparavant, le 17 novembre, il avait mêle signé un communiqué avec d'autres candidats, dont Martin Fayulu, laissant penser à un renforcement de leurs liens. Les observateurs avertis voyaient déjà son absence à une réunion prévue le 18 novembre au quartier général du candidat Théodore Ngoyi comme un signe. Cependant, selon les proches de Seth Kikuni, ce dernier estimait que Martin Fayulu se dirigeait vers un boycott alors qu'il se veut pragmatique et estime crucial de passer par ces élections pour battre Félix Tshisekedi.

Le même jour, Franck Diongo est également entré en scène. Il annonce son ralliement à la candidature de Moise Katumbi, signant un communiqué conjoint avec Seth Kikuni et Matata Ponyo pour expliquer leur choix. Franck Diongo se présente comme l'opposant le plus radical, ayant été emprisonné sous les trois derniers présidents de la RDC. On est loin du mois de mars 2019 où il célébrait sa libération de la prison de Makala en se rendant notamment au siège de l'UDPS. Depuis, ses relations se sont tendues avec Félix Tshisekedi. Lui non plus ne pouvait pas suivre Martin Fayulu qu’il accuse d’avoir rejoint secrètement Felix Tshisekedi. 

Dans la foulée, Moise Katumbi a connu un succès retentissant à Kisangani. Son meeting a drainé du monde. Le choix de la capitale de la Tshopo n'est pas anodin : c'est le berceau historique du Lumumbisme et surtout une terre qu’aucun leader ne contrôle totalement. 

Pendant ce temps, Delly Sesanga et Martin Fayulu ont lancé leur campagne dans l'ex-Bandundu, et Félix Tshisekedi a poursuivi sa croisade dans la province du Kongo-central. De son côté, Adolphe Muzito peaufine toujours ses stratégies. Ses équipes ont été contactées par des partisans de Katumbi et même certains proches de Martin Fayulu, mais l'ancien Premier ministre attend encore avant de se prononcer sur le maintien ou le retrait de sa candidature ou encore son ralliement à un autre candidat