L’ouvrage « Le Congo, Terre promise, proie des holocaustes. Les croisades antisémites dans la Forêt du Midi », qui vient de paraître aux éditions El Elyon, était au centre des échanges à la bibliothèque du centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa, samedi 4 novembre.
Cet ouvrage de 812 pages soutient que les massacres à répétition en République démocratique du Congo (RDC) depuis des décennies ne sont pas commis dans la seule visée de pillage de ses ressources naturelles. Ils visent plutôt l’extermination du peuple congolais pour le remplacer.
« Ce qui est visé, c’est ce que nous sommes, et non ce que nous avons. Lorsque vous tendez la main à quelqu’un pour faire un don, et qu’il veut votre bras, ce n’est pas ce que vous lui offrez qui l’intéresse. S’ils nous éliminent, ils auront tout. Leur objectif est donc de nous éliminer, et non de partager ce que nous avons. Ils ne veulent pas notre survie. Donc la thèse selon laquelle ils en veulent à nos biens est un peu simpliste », a indiqué Mukendi Kalhàlà Wa Ntiita, égyptologue, linguiste, auteur de la découverte que les langues bantoues sont une algèbre symbolique et coauteur du livre.
Selon les auteurs, les plus grands holocaustes commis en RDC sont notamment celui de Léopold II avec plus de 15 millions de morts en 10 ans, et celui de Paul Kagame, “manipulé par l’occident” et qui a fait plus de 12 millions de morts en 25 ans.
Les auteurs soulèvent la question de l’identité juive du peuple congolais et postulent que, de par ces caractéristiques physiques telles que décrites dans la bible, le Congo est bel et bien la terre promise à Abraham par Dieu. Ils réfutent donc la thèse biblique et occidentale selon laquelle la terre promise est Canaan, donc l’actuelle Palestine. Ils fondent leur thèse sur des facteurs linguistiques, culturels, géographiques et géopolitiques.
« Nous nous basons sur les attributs de la terre promise. Il est dit que c’est une terre pleine de rivières, ce n’est pas le cas de la Palestine. C’est une terre qui devrait recevoir la descendance nombreuse d’Abraham, comme les étoiles du ciel. La Palestine est trop petite pour recevoir une telle population. La terre promise est le pays où coulent le lait et le miel. Or, la Palestine est un désert et il n’y pleut pas. La terre promise est un pays où il y a les minerais dont l’or et le cuivre. En Palestine, il n’y a pas de minerais. Donc, la terre promise n’est pas la Palestine », a expliqué, pour sa part, Muambayi Cibangù, chercheur indépendant en religions comparées, en histoire, en égyptologie et coauteur de cet ouvrage.
Les auteurs évoquent plusieurs récits de la bible, du Coran et d’autres textes sacrés anciens et historiques qui attestent que les hébreux ayant vécu en Egypte pharaonique connaissaient bien la Palestine et donc, Dieu ne pouvait pas leur promettre une terre qu’ils connaissaient déjà et où ils avaient enterré certains de leurs morts.
Le peuple juif s’est donc, par les différentes diasporas de l’histoire, installé dans l’Afrique subsaharienne notamment en RDC, où il a trouvé refuge en tant que terre promise par Dieu, estiment-ils.
« La RDC est la terre promise d’abord parce qu’elle est un scandale hydrographique, de par son abondance en eau, grâce principalement au fleuve Congo et ses affluents, donc un pays des fleuves, selon la bible. Et puis, le Congo est un scandale géologique en raison de ses ressources naturelles très abondantes et diversifiées, plus que dans plusieurs pays au monde. Le Congo est un scandale écologique parce que l’alternance des pluies et des sécheresses détermine les cycles de la flore notamment la végétation, la germination, la floraison et la maturation, ce qui fait du Congo le poumon vert et riche pour toute la planète, une terre des délices, l’héritage le plus précieux d’entre les nations, selon la description biblique de la terre promise », a argumenté, pour sa part, Mulangu Mushala, coauteur de ce livre et chercheur en évaluation des politiques publiques, histoire économique et égyptologie.
Précisons que ce livre vient après « Holocauste au Congo. L’omerta de la communauté internationale. La France complice ? » du camerounais Charles Onana, paru en avril dernier aux éditions l’Artilleur, où il indique que les pays comme le Rwanda et l’Ouganda, soutenus par la communauté internationale, tuent et pillent les richesses dans l’Est de la RDC.
Bruno Nsaka