RDC : reprise des combats entre le M23 et les Wazalendo dans une partie de Bwito à Rutshuru, accalmie à Kitshanga dans le Masisi

Carte du territoire de Rutshuru
Carte du territoire de Rutshuru

Les affrontements opposent encore une fois, depuis le matin de ce lundi 16 octobre, les rebelles du M23 aux jeunes patriotes communément appelés « Wazalendo », dans l’agglomération de Kisangani, dans la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Ces affrontements interviennent le lendemain d'autres qui sont signalés dans les villages Bungushu, Kiyenje, Kihonga et même Kisangani, toujours dans la chefferie de Bwito.

Selon nos sources, le M23, qui a lancé les offensives de ce lundi matin pour tenter de réoccuper certains villages, fait face à une forte résistance des Wazalendo.

« Il y a reprise des affrontements au niveau de Kisangani, dans la chefferie de Bwito, en territoire de Rutshuru. Ce, après ceux d'hier dans les villages Bungushu, Kiyenje, Kihonga et Kisangani. Alors, le M23 a réussi à prendre le contrôle du petit village de Kiyenje mais les Wazalendo sont toujours à Kihonga et Kisangani. Ils tiennent mordicus pour camper là-bas » a témoigné à ACTUALITE.CD, Isaac Kibira, fonctionnaire délégué adjoint du Gouverneur dans la chefferie de Bwito.

À lui d’ajouter :

« Du côté Bishusha, il y a eu affrontements hier dans la contrée de Bwiza. Alors, le M23 a essayé de contourner les positions des Wazalendo pour se retrouver tout près de Bishusha centre. Les Wazalendo l'ont appris et ont tout fait pour le repousser jusqu'au niveau de Bwiza. Parce que l'objectif pour le M23, serait celui d'aller couper la route vers les montagnes qui surplombent Burungu ».

De l'autre côté, à Kitshanga, dans le territoire voisin de Masisi, c'est une accalmie relative qui y est observée. La situation demeure toutefois volatile, après les hostilités entre le M23 et les Wazalendo qui ont été rapportées dimanche dans les périphéries de cette cité stratégique. Kitshanga est jusqu'alors sous occupation des Wazalendo et d'autres sources parlent de la présence des militaires FARDC.

« Après les affrontements qui se sont déroulés autour de la cité de Kitshanga, suite au débordement des terroristes du M23, dans le groupement Bishusha, dans le territoire de Rutshuru, un calme relatif est revenu dans la cité de Kitshanga. C'est après une débandade observée au sein de la population qui s'était déjà déplacée. La cité reste sous le contrôle des jeunes Wazalendo qui ont réussi à contenir l'ennemi. Il est impérieux que le gouvernement puisse sortir de son silence. Les FARDC doivent combattre. La souveraineté du pays n'est pas à négocier. Il faudra imposer le respect de la RDC en tant que nation. Et cela, en réactivant tous les services de sécurité. Toute cette barbarie du M23 doit être endiguée » indique, pour sa part, Télesphore Mitondeke, rapporteur général de la société civile de Masisi.

Sur place à Kitshanga, plusieurs sources rapportent le pillage systématique, la nuit dernière, des biens de la population par des inconnus.

Entre-temps, une psychose règne dans la cité de Kiwanja, à plus de 70 de Goma, dans le territoire de Rutshuru. Les habitants craignent d'éventuelles hostilités entre les rebelles du M23, appuyés par le Rwanda et les jeunes patriotes, dits Wazalendo, qui se regardent en chien défaillance sur les lignes des combats de Ngwenda-Kinyandonyi, sur l'axe qui mène vers Ishasha et Kahunga-Mabenga sur la route qui mène vers Kanyabayonga. Nombreux habitants ont, d'ailleurs, hésité de se rendre au champ ce lundi. Kiwanja a reçu, depuis le week-end dernier, de nombreux déplacés venus de Kinyandonyi. Selon un habitant joint depuis Kiwanja, les rebelles du M23 ne cessent de se renforcer en hommes et munitions du côté de Kinyandonyi et du PENA vers Rutshuru centre.

« Ici à Kiwanja, la peur gagne toujours la population. Cette population vit de l'agriculture. Comme vous le savez, les Wazalendo et le M23 se voient en chien défaillance sur plusieurs lignes des combats. C'est comme à Kinyandonyi, les Wazalendo sont à Ngwenda et le M23 est présent à Kinyandonyi. À Kahunga, à quelque 5 Km de Kiwanja, c'est la même chose. Alors, les habitants qui cultivent à Kahunga, les autres à Kibututu, près de Kinyandonyi ne savent plus comment se rendre au champ. Il y a eu des déplacements massifs des populations de Kinyandonyi vers Kiwanja. Le week-end dernier, le M23 a tenu un meeting à Kinyandonyi au sein duquel il a mis en garde la population au cas où il y aurait crépitement des balles. Pour le M23, si un seul coup de balle crepitait, il tirerait à tout ce qui bougerait. Ce qui a fait qu'à plus 70%, Kinyandonyi s'est vidé de ses habitants. Nombreux déplacés sont dans des familles d'accueil alors que d'autres sont à la paroisse catholique d'ici à Kiwanja. Leur situation est déplorable pendant cette période pluvieuse » témoigne un habitant de la place qui a requis l’anonymat.

Pour l’instant, l’armée n'a pas encore communiqué sur ce nouveau cycle des violences dans le Nord-Kivu. Ces événements sécuritaires se produisent, à seulement quelques jours après que le Président de la République, Félix Tshisekedi ait annoncé la mise en place d'un dispositif transitoire graduel pouvant aboutir à la fin de l’état de siège. Pour le Chef de l’État, les autorités civiles devront reprendre leurs fonctions dans les entités territoriales décentralisées et de concentrées, où l’armée a réussi à maintenir la paix et la sécurité dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Les gouvernorats des provinces sont tout de même laissés entre les mains des militaires. Les juridictions civiles ont également été autorisées à reprendre le travail et des manifestations publiques ainsi que des réunions, aussi autorisées, surtout en cette période électorale.

Jonathan Kombi, à Goma