La question de la restitution des œuvres de la RDC spoliées par le colonisateur belge il y a plus de 100 ans reste d’actualité. Plus de 80 000 œuvres sont à dénombrer à ces jours, qui font les beaux jours des musées et autres lieux touristiques et scientifiques en Belgique. Ce que le gouvernement congolais tient à réparer depuis près de 5 ans, avec l’arrivée à la tête du pays du Président Félix Tshisekedi. Une question importante dans son plan d’action diplomatique.
Cette démarche a impliqué, pendant ces 5 ans, le premier ministre qui a été en Belgique pour la question et la ministre de la culture, arts et patrimoine, Catherine Kathungu Furaha. La visite du roi des Belges en RDC, en juin 2022, a aussi accentué la question. Dans le même cadre, un comité scientifique est mis en place pour étudier entre belges et congolais, lesquelles de ces œuvres doivent être restituées à la RDC.
Pour faire avancer ces discussions, la ministre congolaise de la culture, arts et patrimoine a reçu le nouveau directeur du musée royal d’Afrique central Bart Ouvry, dans son cabinet de travail à Kinshasa, ce mercredi 20 septembre. Ce musée belge regorge une bonne partie des biens culturels congolais.
Accompagné de la chargée d'affaires à l'ambassade de la Belgique en RDC et de la chargée d'étude de provenance, le directeur du musée de Tervuren a échangé avec la ministre de la culture Catherine Kathungu Furaha qui était assistée de son Directeur de Cabinet, le Professeur Joseph Ibongo, également Président du Comité scientifique de la RDC pour la question de rapatriement des objets culturels.
Au cours de ce débat très houleux et scientifiques, rapporte la cellule de communication du ministère de la culture, Catherine Kathungu Furaha a informé au belge, Bart Douvry que la coordination et le comité Scientifique prévoient de se réunir à la fin du mois de septembre avant la rencontre avec le comité de pilotage prévue le mois prochain, avant celle avec la commission mixte prévue en novembre.
Il est à noter que ce processus de restitution est accéléré depuis quelques années par une pression de la société civile belge et de la diaspora africaine. L'État belge a, pour sa part, réactivé la volonté de remettre acquis de droit ces biens, ce qui justifie la présence en République Démocratique du Congo de Bart Ouvry, qui est aussi ancien ambassadeur de l'Union Européenne en RDC.
Catherine Kathungu Furaha a insisté auprès de son interlocuteur, ajoute la cellule de communication du ministère de la culture, que les réclamations sur la restitution des biens congolais ont débuté par les pères fondateurs et de l'indépendance notamment par Patrice Emery Lumumba dans sa lettre et aussi par le Président Joseph Mobutu du haut de la tribune des Nations-Unies en 1973, sans compter au niveau des instances internationales notamment à l’UNESCO, où l’ancien Directeur Général sénégalais Amadou-Mahtar M’bow qui a réclamé la restitution des biens africains.
Plutôt avant de venir au Bureau de la Ministre de la Culture, la délégation Belgique conduite par Bart Douvry s'est rendue à la primature pour parler de la même question de restitution des biens africains et congolais qui demeure d'actualité, avec le premier ministre Sama Lukonde.
En 1974, une restitution de près de 100 objets a été faite sous le règne du Président Mobutu. Pas suffisant 49 ans après. Si la RDC n’a pas encore fait de demande officielle de restitution, elle s'apprête notamment par plusieurs cadres légaux et administratifs mis en place pour se conformer et être à la hauteur de la situation.
Pour rappel, en mars 2022, le Premier ministre, Sama Lukonde, a officiellement remis à la ministre de la Culture, arts et patrimoine, le répertoire et la cassette des échantillons des biens culturels de la RDC détenus par la Belgique. Le chef du gouvernement congolais les avait reçus en février auprès de son homologue belge, Alexandre de Croo. Ces documents répertorient 84 milles objets culturels congolais ayant rejoint la Belgique pendant la colonisation.
Aussi, le roi Philippe a procédé, lors de son passage en RDC, à la remise d’un masque de l’ethnie Suku dénommé “Kakuungu”. Ce masque est hébergé au sein du musée national de la RDC pour symboliser la collaboration en matière de reconstitution du patrimoine culturel congolais. Le sculpteur, auteur du masque se nommait Nkoy. Ce masque était utilisé pour des rites initiatiques et avait des vertus protectrices, avait expliqué le Palais royal belge.
Par ailleurs, en marge de cette même visite du roi des belges en RDC, un protocole d’accord de coopération culturelle et muséale a été signé entre les deux pays lors du passage du roi au musée national de la RDC, à Kinshasa. Ce partenariat de coopération rentre également dans le cadre de la restitution du patrimoine culturel congolais spolié lors de la colonisation. La ministre belge de la coopération et développement, Meryame Kitir a signé ce protocole d'accord côté belge tandis que du côté congolais, c’est le vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula.
Emmanuel Kuzamba