RDC : des universitaires congolais et étrangers réclament la libération "immédiate" et "sans condition" du journaliste Stanis Bujakera

Photo d’illustration
Stanis Bujakera

L'arrestation et la détention prolongée de Stanis Bujakera Tshiamala, Directeur de Publication adjoint d’ACTUALITE.CD et correspondant de Jeune Afrique en RDC a affecté énormément les milieux des chercheurs et des universitaires congolais à Kinshasa tout comme à l'étranger. Plus de 10 jours déjà depuis son arrestation, ils ont multiplié d'appels pour exiger sa libération sans condition.

Jason Stearns, Directeur du Groupe d'étude sur le Congo (GEC) a affirmé que cette arrestation reflète une tendance inquiétante de réduction de l'espace public à l'approche des élections de décembre. Il a sollicité l'implication du chef de l'État Félix Tshisekedi pour la libération de Stanis Bujakera Tshiamala. À l'en croire, le gouvernement ne doit pas considérer les journalistes comme des atouts et non comme une menace.

" L'arrêter ainsi, le placer en détention préventive et l'envoyer en prison n'était pas nécessaire. Malheureusement, il n'est pas le seul journaliste à avoir été pris pour cible ces derniers mois. J'espère qu'avant la visite du président Tshisekedi à New York cette semaine pour s'adresser à l'assemblée générale, le gouvernement libérera Stanis et, en général, traitera les journalistes comme lui comme un atout comme une fierté du pays, et non comme une menace "; a-t-il fait savoir dans un message parvenu à ACTUALITE.CD. 

Abordant l'aspect lié à la hiérarchisation des sources d'informations, le professeur Richard Kapend de l'Université de Winchester en Grande Bretagne estime que Stanis Bujakera se positionne au sommet et qu’arrêter une telle personne c'est priver un grand des citoyens la bonne source d'information.

" Stanis Bujakera Tshiamala est parmi les meilleurs journalistes de la RDC. Dans le monde académique et des recherches, on a ce qu'on appelle la hiérarchie des sources d'informations et monsieur Stanis Bujakera pour moi est parmi le meilleur, il est au sommet de cette hiérarchie par la fiabilité de l'information qu'il donne. Ici, j'exige sa libération sans condition parce que c'est nous priver d'une source importante d'informations ", a déploré le professeur Richard Kapend, qui enseigne dans les universités de Winchester et Lubumbashi.

Pour Jonathan Essole, mathématicien, professeur à l'université de Boston aux États-Unis d'Amérique et lauréat du prestigieux Prix Next Einstein Fellow, l'arrestation de Stanis Bujakera est un message envoyé au monde qu'être journaliste en RDC, c'est simplement ne pas être en sécurité.

" Comme beaucoup dans la diaspora congolaise, j'ai été profondément choqué de voir dans quelle condition Stanis Bujakera un jeune journaliste brillant a été arrêté. Pour un pays comme la RDC quand il y a un accident pareil, d'abord il y a un message qui est envoyé à tous les journalistes de façon consciente ou inconsciente. Si ceci peut arriver à Stanis Bujakera, l'un des journalistes le plus en vue, respecter par  ses collègues, à l'international comme au niveau national par la qualité de son travail et alors imaginez vous ce qu'on peut faire aux journalistes qui n'ont pas le même réseau et connexion qu'il a. Le message envoyé ici c'est être journaliste en RDC n'est pas simplement être en sécurité " a fait remarquer ce mathématicien congolais.

De son côté, Fred Bauma, Chercheur et Directeur à l’Institut Ebuteli de Kinshasa considère que cette arrestation est une atteinte grave à la liberté de la presse et aux droits à l'information fiable.

" Stanis Bujakera Tshiamala a évolué jusqu'à devenir comme il le dit lui même la source principale d'information certifiée, finalement le voir en prison aujourd'hui, c'est privé non seulement le demi million de personnes qui le suit d'informations sûres dans un moment où la désinformation est grande. L'arrêter dans ces conditions représente une très grave atteinte à la liberté de la presse et aux droits de l'information, c'est pour ça qu'il doit être libéré immédiatement ", a déclaré Fred Bauma.

Le journaliste Stanis Bujakera Tshiamala est accusé notamment de propagation de faux bruits et diffusion d'un document attribué à l'Agence nationale de Renseignements (ANR) suite à la publication d’un article sur le site de Jeune Afrique dont il n'est pas auteur. Cet article évoque un rapport de l’ANR sur les circonstances de la mort de l'ancien ministre Chérubin Okende.

Depuis son arrestation il y a plus de 10 jours déjà, la mobilisation nationale et internationale s'accentue pour exiger sa libération immédiate et sans condition.

Clément MUAMBA