Le 18 septembre 2023, une tension palpable régnait à Goma. L'inhumation de plus de 50 victimes du carnage du 30 aout, prévue par le gouvernement provincial, fait face à une opposition farouche des familles éplorées et des avocats représentant les parties civiles.
Dans un communiqué rendu public en matinée, ces représentants ont exigé un report des obsèques. "Nous demandons au gouvernement de reporter ces funérailles, organisées sans la consultation des familles des défunts," a déclaré le collectif.
Respectant leurs croyances issues du « Judaïsme Messianique », les familles souhaitent pouvoir inhumer leurs proches selon les rites spécifiques à leur foi. Elles demandent également la permission pour les 142 adeptes actuellement incarcérés d'identifier leurs proches parmi les dépouilles, qui, selon elles, sont mal conservées à la morgue du camp Katindo.
"Nous souhaitons une harmonisation avec les autorités pour offrir une sépulture digne à nos proches, conformément à nos croyances", insiste le collectif. Ils font aussi état d'environ 70 familles toujours à la recherche de leurs êtres chers, dont certains seraient décédés et d'autres portés disparus.
La veille, le 17 septembre, le gouvernement avait informé, dans un communiqué, de la décision d'enterrer les victimes ce lundi. Deux jours plus tôt, la cour militaire du Nord-Kivu avait ordonné la levée des corps en vue d'un enterrement respectueux.
Cette annonce, relayée sur les réseaux sociaux, a poussé les familles dans les rues de Goma. Elles ont cependant été dispersées par la police à l'aide de gaz lacrymogènes.
Il est à noter que les victimes, membres de la congrégation messianique Uwezo wa Neno Wazalendo, avaient été tuées par l'armée le 30 août dernier à Goma. Ils s'apprêtaient à clore une prière, nommée Salasini Salasini, et avaient prévu une manifestation pacifique pour demander le départ de la Monusco, le tout dans le cadre de ce qu'ils considèrent comme une "lutte pour l'indépendance de la RDC ».
Yvonne Kapinga, Goma