Tueries de plus de 50 civils à Goma: les témoins chargent la Garde Républicaine 

Ouverture du procès des instigateurs présumés des violences à Goma. © Yvonne Kapinga/ACTUALITE.CD
© Ouverture du procès des instigateurs présumés des violences à Goma - Photo par Yvonne Kapinga/ACTUALITE.CD. Tous droits réservés.

Poursuite du procès de six militaires de la Garde Républicaine ce samedi 9 septembre 2023 à la Cour militaire du Nord-Kivu dans le dossier de tueries des dizaines de civils à Goma. 

Deux témoins ont été entendus à savoir, le colonel Yves Rubenga, commandant quartier général de l’état-major à la 34eme Région militaire ainsi que le maire de la ville de Goma, le commissaire supérieur principal François Kapend.

Le colonel Yves Rubenga a éclairé la Cour sur son rôle dans les événements du 30 août 2023 dernier à Goma.

“J’étais alerté vers 3 heures qu’ il y avait crépitement des balles vers Ndosho. Je suis allé là-bas. Vers CBCA/Ndosho, la population avait posé certaines pierres que nous avions dégagées pour faciliter le passage, après je me suis rendu à l’église de wazalendo où j’ai trouvé plusieurs militaires de la Garde Républicaine dans des jeeps et Kamaz. Nous avons échangé pendant 10 à 15 minutes et le colonel Mike Mikombe nous a chassés du lieu. Nous sommes restés juste à côté parce qu’il n’y avait pas de passage. C’est là que nous avons entendu les coups des balles. Nous avons vérifié, c’était les éléments de la Garde Républicaine et après ils ont mis les corps dans des Kamaz “, a déclaré le colonel Yves Rubenga.

Devant la barre, le maire a reconnu que c’était “la Garde Républicaine qui était en pleine opération à l’église des wazalendo”.

“Les éléments du colonel Mike ont brûlé l’église et ont emporté les documents du temple des wazalendo. J’avais fait le tour des points chauds de la ville. Je n’avais pas vu les wazalendo. Devant les sièges de la Monusco, il n'y avait que les dispositifs sécuritaires. Le jour des manifestations du 30 août, la police n’était pas débordée parce qu’il y avait le calme", a expliqué le maire policier.

Il a ajouté: "Je suis arrivé à Nyabushongo et on m’a dit que l’église était un peu loin à la limite avec le territoire de Nyiragongo, comme j’étais déjà sur place j’ai seulement constaté. C’est là que j’ai vu les éléments de GR qui étaient en nouvelle tenue, bien armée avec des casques de combat, ils étaient très impressionnants. A l’église, j’ai vu sortir les adeptes hommes et femmes vivant. J’ai trouvé le feu et des allumettes. Les éléments du colonel Mike ont brûlé l’église et ont emporté les documents du temple de wazalendo”.

A la question de savoir si le maire avait vu les personnes décédés:

“Je suis sincère en disant que sur le lieu personne ne m’avait communiqué le nombre des décès et aujourd’hui je n’ai jamais vu les décédés, ils sont à la morgue je prétends dire ça mais moi je n’ai pas encore vu les corps”, a dit le maire François Kapend.

Six militaires dont deux haut gradés, tous de la garde républicaine sont poursuivis par la justice pour trois chefs d’accusation, dont le crime contre l’humanité par meurtre. Ils comparaissent devant la cour militaire du Nord-Kivu depuis le 5 septembre 2023. 

Yvonne Kapinga, à Goma