Au cœur de Kinshasa, la culture s'exprime. Elle palpite sur les murs, se lit dans les attitudes, se chante à travers les paroles des rappeurs, se danse au rythme du hip-hop. Ce n'est pas un secret : Kinshasa est en effervescence et ses jeunes sont ses plus fervents ambassadeurs.
Dès que l'on pose le pied dans un quartier urbain de la capitale, on peut sentir l'énergie débordante des jeunes Kinois. Les murs des rues sont des toiles vivantes, constamment renouvelées par les graffitis. Les tenues vestimentaires, les choix musicaux, la façon dont on s'exprime : tout est un hymne à l'art urbain.
Le 2 septembre dernier, ce n'était pas qu'une simple date sur le calendrier. Elle marquait la clôture de la première édition du "Kinshasa Urban Arts Fest" au Centre Culturel de Lemba. Cette journée a transformé le centre en une véritable scène à ciel ouvert. Les murs, préalablement animés par les artistes du collectif Moyindo Tag, racontaient des histoires. Des histoires d'évolution, de changements de perceptions, d'acceptation.
Tata Nizoo, artiste graffeur et tête pensante derrière ce festival, rappelle qu'à ses débuts, l'art urbain était mal vu, perçu comme le fait de marginaux. "Aujourd'hui, les grandes marques collaborent avec des artistes de rue", déclare-t-il, non sans une pointe de fierté.
Les portraits de figures emblématiques, tels que Martha Cooper, Maître Botembe, DJ Kool Herc, Tupac, ou encore Lexxus Legal, ornent les murs. Des figures qui ont façonné, influencé, et défendu les arts de la rue.
Mais la célébration ne s'arrête pas aux murs. Elle vibre aussi à travers les prestations des jeunes danseurs et rappeurs venus célébrer le demi-siècle du mouvement hip-hop. Ces artistes, malgré leur jeune âge, ont rappelé l'essence même de cet art : dénoncer, critiquer, s'élever.
Et, le succès était palpable. Tata Nizoo ne cache pas son enthousiasme, ni ses ambitions pour le futur : "Face à l'affluence, nous avons dû refuser certains artistes. Si les moyens suivaient, cet événement s'étalerait sur plusieurs jours". Toutefois, il reconnaît les difficultés rencontrées, promettant une seconde édition encore mieux préparée.
L'art urbain, né dans les rues américaines des années 60, a fait du chemin. Il s'est propagé, a évolué, et a trouvé un écho tout particulier à Kinshasa. Souvent perçu comme du vandalisme, il est pourtant l'expression d'une jeunesse qui refuse le silence.
À Kinshasa, l'art urbain n'est pas qu'une simple mode. C'est un cri du cœur, un reflet de la rue, une forme d'expression qui réunit et passionne. Et, s'il y a une chose à retenir de tout cela, c'est que la jeunesse kinoise a quelque chose à dire, et elle le dira haut et fort.
Emmanuel Kuzamba