L'actualité de la semaine vue par Joséphine Bawawana

Photo/ Droits tiers
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Répression armée d'une manifestation anti-Monusco à Goma, nouveau cas de féminicide impliquant un militaire, nouvelles ordonnances du Chef de l'Etat, la semaine qui s’achève a été riche au niveau de l'actualité. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Joséphine Bawawana.

Bonjour Madame Joséphine Bawawana et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler de vos activités et votre parcours ? 

Joséphine Bawawana : Je suis comptable et fiscaliste , activiste des droits humains en général et des droits des femmes en particulier, Fondatrice et coordonnatrice de MINZOTO ASBL, une association sans but lucratif à caractère éducatif, caritatif, social et philanthropique qui vient en aide aux enfants malades, en souffrance et démunis via  des aides financières et matérielles. Nous faisons également la promotion de l'éducation et de l'autonomisation de la jeune fille. Nous nous sommes également donné pour mission de permettre à la population congolaise (vieux, jeunes et enfants) de saisir l'importance d'une bonne santé mentale.

La semaine a été marquée par les manifestations anti-Monusco des adeptes de la secte mystico-religieuse « La Foi Naturelle Judaïque Messianique vers les Nations » à Goma. Il en ressort que des dizaines de personnes ont trouvé la mort suite à la répression de l'armée. Quel est votre avis sur l'action de l'armée ? 

Joséphine Bawawana : je voudrais en premier lieu dire que je suis de tout cœur avec les familles endeuillées. Je leur présente toutes mes condoléances pour la perte des êtres qui leur sont chers. Nous voulons que tous ces massacres puissent cesser et que le peuple congolais puisse vivre en paix. Cette action nous a beaucoup surpris. Les autorités compétentes doivent nous éclairer et nous leurs apportons tout notre soutien dans l’accomplissement de leurs taches. 

Le gouvernement a confirmé un bilan de 43 morts et 56 blessés ainsi que l'ouverture d'un procès en flagrance au niveau de l'Auditorat Militaire Garnison de Goma. Quelles recommandations pour ce procès ? 

Joséphine Bawawana : notre recommandation principale est que la justice soit faite et dite, et ce, conformément à la dignité humaine, aux lois et règles applicables en RDC. 

Cette situation remet sur table la question de l'état de siège dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu. Des voix se lèvent pour que le gouvernement de province soit remis aux civils avant les élections. Êtes-vous du même avis ? 

Joséphine Bawawana : nous sommes d’avis que c’est une question à traiter au niveau des instances du gouvernement. Nous soutiendrons tous les efforts du gouvernement qui iront dans le sens du peuple. 

A Mwenga (Sud-Kivu), un élément des Forces armées a tué par balle son épouse dans la soirée de mercredi. En tant que défenseure des droits des femmes, que proposeriez-vous pour mettre fin aux cas de féminicides impliquant des époux militaires ? 

Joséphine Bawawana : nous déplorons cette perte. Notre proposition est de mettre en place des ateliers d’échanges afin que les épouses de militaires puissent être entendues et sensibilisées sur leurs droits et prises en charge. 

En justice, dans une série d'ordonnances du Chef de l'Etat, plusieurs magistrats ont été révoqués, mis à la retraite ou promus. Quelles autres réformes proposerez-vous pour renforcer l'appareil judiciaire ?

Joséphine Bawawana : Comme dit précédemment, ce sont des réponses qui sont à traiter au niveau du gouvernement. De notre côté, nous souhaitons que la loi soit dite et effective. 

La rentrée scolaire est prévue ce lundi  04 septembre. ASADHO et ODEP proposent une décolonisation et des réformes culturelles du secteur de l'éducation. Quel est votre point de vue à ce sujet ?

Joséphine Bawawana : je pense que c’est un processus qu'il faut suivre de prêt afin de pouvoir en déterminer les résultats en faveur du secteur de l'éducation et les générations futures. 

Au niveau continental, juste après l'annonce officielle de la victoire d'Ali Bongo à la présidentielle avec 64,27% des voix, des militaires ont annoncé avoir mis fin au régime en place au Gabon. Quelle lecture faites-vous de cette action ?

Joséphine Bawawana : nous soutenons inconditionnellement la démocratie et attendons que la lumière soit faite sur la situation au Gabon 

Au cours des trois dernières années, il y a eu au moins 7 coups d'État en Afrique. Quelle analyse faites-vous de ce phénomène?

Joséphine Bawawana : nous sommes d’avis que c’est une réponse à donner par le peuple de chaque pays. En tant que défenseure de la démocratie et de la liberté des hommes, je pense que la finalité est la liberté et le bien être des populations. 


Un dernier mot ?

Joséphine Bawawana : j'espère que la démocratie en Afrique deviendra un système politique dans lequel la souveraineté est attribuée aux citoyens qui l'exercent de façon directe lorsque les citoyens adoptent eux-mêmes les lois et décisions importantes et choisissent eux-mêmes les agents d'exécution, généralement révocables, et ce, en respectant la vie humaine.

Propos recueillis par Prisca Lokale