Début ce lundi 21 aout dans la mission catholique de Ndekesha, secteur de Kafuba (territoire de Kazumba), 127 Kms au sud-est de Kananga, du procès sur le meurtre de trois inspecteurs de l'enseignement dont une femme, un conseiller du ministre provincial et leur chauffeur. Ils étaient décapités le 30 avril 2017 dans la localité de Bayamba, dans le secteur de Kafuba par le groupe des miliciens dirigés par un certain Kabue Ditunga alias "Général".
Pour revenir au procès proprement dit, il se tient en présence de cinq familles des victimes avec comme prévenu Mulumba Kamuakala Thomas présenté comme un des miliciens qui avaient participé au meurtre.
Selon l'épouse d'une des victimes jointe depuis Ndekesha où elle assiste à l’audience, une forte émotion a caractérisé l'ouverture du procès car à l'appel des noms des victimes, les familles présentes ont coulé des larmes.
"Ce n'était pas facile d'entendre les noms de nos êtres chers qu'on a plus revus depuis sept ans et d'entendre qu'ils ont été tués. Nous nous sommes serrés les bras les uns les autres en pleurs", témoignage cette source.
"Le prévenu qui bénéficie de l'assistance d'un avocat, a été confronté à une vidéo dans laquelle on le voit tenir deux têtes des victimes et a reconnu sa participation au meurtre même s'il a tenté de se justifier en prétextant qu'il avait été contraint par son chef, le général autoproclamé Kabue Ditunga", explique un défenseur des droits de l'homme qui assiste au procès.
Aviez-vous regardé la vidéo dans laquelle le prévenu brandissait les têtes coupées de vos proches ? A cette question, l'épouse d'une des victimes précise que cela n'a pas été possible au regard de l'émotion.
"La cour d'appel nous avait éloignés lors de la projection de la vidéo. Nous avions une forte émotion et étions incapables de supporter ce genre d'images", confie-t-elle.
L'Ongdh Société Congolaise pour l'Etat de droit a, dans un communiqué, salué la tenue du procès en chambre foraine par la cour d'appel du Kasaï Central qui, pour la première fois se déplace et exhorte la direction générale du fonds national de réparation des victimes de prendre en compte ce dossier en vue de l'indemnisation des familles qui ont perdu les leurs.
Après deux jours d'instruction, le réquisitoire du ministère public, les plaidoiries de la défense et éventuellement la décision de la cour d'appel sont attendus ce mercredi 23 août.
Pour mémoire, les cinq victimes avaient été interceptées sur la route de Kafuba le 30 avril 2017 au plus fort de l'insurrection Kamuina Nsapu. Les trois inspecteurs, le conseiller du ministre provincial de l'enseignement se rendaient à Kafuba en vue de superviser la session ordinaire des examens d'Etat. Les quatre officiels et leur chauffeur avaient été décapités et leur véhicule saboté. Depuis, les corps n'ont jamais été retrouvés ni le lieu de leur enterrement.
Lors de la proclamation des résultats de la présidentielle en faveur du président Félix Tshisekedi Tshilombo en 2019, le chef milicien Kabue Ditunga que la justice recherchait déjà, avait paradé dans les rues de Kananga à la tête d'une colonne des miliciens sans qu’il ne soit touché. Son acolyte qui comparaît aujourd'hui avait été, lui, arrêté en 2018 au même moment qu'un autre chef milicien qui avait ordonné la décapitation en public de l'épouse de l'administrateur du territoire de Luebo. On est toujours sans nouvelles de ce dernier milicien qui avait été transféré à Kinshasa.
Sosthène Kambidi à Kananga