Le déséquilibre politique persiste en RDC : les femmes, majoritaires dans l'électorat, sous-représentées à l'Assemblée nationale et au Sénat, le cri de cœur de Bintou Keita

Stop aux violences faites aux femmes. Ph. ACTUALITE.CD
Stop aux violences faites aux femmes. Ph. ACTUALITE.CD

La violence et la misogynie politiques en RDC doivent cesser, a déclaré Bintou Keita à l'occasion de la Journée internationale de la femme africaine.

Malgré le droit constitutionnel à une représentation équitable des femmes en politique, les femmes en RDC font face à des insultes, des menaces, des humiliations, du harcèlement et des exclusions. Elles doivent réussir "par leurs propres moyens" car elles ne bénéficient pas de mesures incitatives ou de discrimination positive. Les femmes sont confrontées à des appels au viol, du cyberharcèlement, des discours haineux et des campagnes de désinformation visant à les discréditer. Malheureusement, peu de partis politiques condamnent ces attaques ou demandent l'ouverture d'enquêtes judiciaires.

La Journée internationale de la femme africaine est l'occasion de mettre en lumière les femmes congolaises et de souligner ce qu'elles pourraient apporter à leur pays et à la région des Grands Lacs si elles étaient véritablement encouragées à s'impliquer dans la vie politique. Actuellement, les femmes représentent plus de 50 % de l'électorat, mais elles ne constituent que 12 % environ de l'Assemblée nationale et moins de 24 % du Sénat. Encourager, former et soutenir des candidates offre une opportunité précieuse pour accroître leur poids politique. La loi électorale révisée propose même une mesure incitative dispensant du paiement de caution les listes composées d'au moins 50 % de candidates.

L'engagement des hommes est crucial dans la lutte pour l'égalité. Les hommes occupent la majorité des postes de direction dans les partis politiques, les institutions et les médias. Ils ont donc la responsabilité de renforcer les codes de conduite, de dénoncer les dérives, d'établir des quotas de candidates, d'organiser des primaires mixtes, de soutenir financièrement les femmes candidates et d'assurer un traitement équilibré de l'information politique concernant les femmes.

Les médias peuvent également jouer un rôle en ouvrant leur espace aux femmes politiques et en évitant les stéréotypes, a dit Bintou Keita. Les femmes doivent oser se présenter, se soutenir mutuellement et bénéficier de mentors. Les hommes doivent également s'engager pour promouvoir l'égalité des sexes en politique.

Avec ces soutiens, les femmes congolaises peuvent relever le défi d'une représentation politique accrue lors des prochaines élections législatives. Les Nations unies, la Monusco, le PNUD et ONU Femmes continuent de soutenir les institutions et les entités politiques en vue d'atteindre cet objectif, a-t-elle ajouté. Des efforts sont déployés pour renforcer la prise en compte des considérations liées au genre dans le travail de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et pour prévenir et répondre aux violences sexistes en collaboration avec la Commission nationale des droits de l'Homme (CNDH).