RDC: solutions pour lutter contre la malnutrition infantile

Ph. PAM/Une dame et ses enfants
Ph. PAM/Une dame et ses enfants

Les leçons de cuisine sur la nutrition, soutenus par le PAM changent les régimes alimentaires et la vie dans une zone de malnutrition.

Gentille sourit fièrement à son fils de quatre ans, Silva, alors qu’ils sont assis devant sa maison au toit de chaume. Il y a tout juste un an, il luttait contre la malnutrition – un problème très courant dans leur village d’Inke, situé dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo.

Aujourd’hui, Silva est un petit garçon fort et en bonne santé qui apprécie les repas nourrissants de sa mère, cuisinés à partir d’un mélange sain de légumes, d’arachides, de poisson et d’huile.

Son changement est dû aux recettes originales et saines de Gentille, inspirées des leçons de cuisine axés sur la nutrition que le Programme alimentaire mondial (PAM) déploie à Inke et dans des dizaines d'autres villages de la province du Nord-Ubangi, en RDC.

L'initiative a produit des résultats spectaculaires. Aujourd'hui, plus de deux tiers des familles inscrites dans le Nord Ubangi ont un régime alimentaire plus diversifié, soit deux fois plus qu'en 2021.

« J’ai appris à faire une soupe saine en mélangeant des feuilles de manioc, des arachides et du poisson ou du bœuf », explique Gentille, 34 ans, mère de quatre enfants, alors qu’elle écrase les arachides avec un pilon pour faire du pondu, un mets local. « Je sais que c’est sain et que mes enfants mangent mieux, ont plus d’énergie et sont heureux. »

En promouvant des aliments frais, diversifiés et cultivés localement, les leçons offrent une arme puissante et abordable pour lutter contre la malnutrition aiguë en RDC qui touche quelque 2,6 millions d’enfants congolais.

Dans la province du Nord Ubangi – aujourd’hui au plus fort de la saison sèche avec un sol sec et fissuré et des températures élevées – une personne sur cinq est confrontée à des niveaux d’insécurité alimentaire supérieurs à la crise, selon la dernière analyse d’experts en matière de sécurité alimentaire.

Environ 10 points de plus qu’ailleurs en Afrique, explique Fortune Maduna, responsable de la nutrition pour le PAM en RDC.

"Les enfants malnutris sont au moins trois fois plus susceptibles de mourir d'autres maladies récurrentes chez les enfants. Ceux qui survivent sont sujets à un retard de croissance et de développement", ajoute Maduna, qui énumère une série de raisons de la malnutrition, dont les mauvaises pratiques d'alimentation des enfants.

Mais le changement est en marche, une recette à la fois.

Une fois par mois, quelque 30 femmes se rassemblent sur les places des villages du Nord Ubangi, où le PAM et les partenaires gouvernementaux les guident à travers des démonstrations culinaires et partagent des informations précieuses sur la bonne nutrition. Ils reçoivent des conseils sur la façon de mélanger les légumes, le poisson, les céréales, les bananes plantains et d’autres aliments pour préparer des repas nutritifs et équilibrés pour leurs familles – des repas qui profitent particulièrement aux femmes enceintes ou allaitantes et aux enfants.  

Rien qu’en 2022, plus de 58 000 mères ont participé à ces sessions à travers la RDC.

Les leçons changent les habitudes alimentaires et les perspectives de santé dans des endroits comme Inke, où les villageois élèvent des chèvres et des porcs sur de petites parcelles de terre. La plupart d’entre eux gagnent moins de 2 dollars par jour grâce aux petits commerces et à la vente de leurs récoltes excédentaires de manioc, d’amarante et de gombo. Pour la plupart, acheter quelques fois des aliments plus sains sur le marché est hors de portée car ils sont très coûteux.

Recettes pour le changement

Les personnes qui donnent les leçons de cuisine encouragent les communautés à consommer davantage de légumes et de fruits cultivés localement, comme les haricots et les fruits du jacquier. Ces produits sont moins chers, plus frais et peuvent être consommés peu de temps après la récolte, ce qui permet aux gens de bénéficier de toute la gamme de vitamines et de minéraux dont ils ont besoin pour rester en bonne santé.

"Nous attendons toutes avec impatience nos leçons où un expert en nutrition nous guide, nous permet d'acquérir de nouvelles compétences intéressantes et de partager des recettes saines entre nous", dit Gentille.

Le programme du PAM met également l’accent sur la nutrition maternelle et infantile. Il enseigne aux femmes l’importance de l’allaitement maternel, les avantages d’une alimentation équilibrée pendant leur grossesse et les pratiques d’alimentation appropriées pour les bébés et les jeunes enfants. Les participantes se joignent à des « groupes de soutien aux mères », apprenant les unes des autres sur la bonne santé, la nutrition et les pratiques de soins.

« Cela crée un changement de comportement positif en faveur de pratiques saines », explique Maduna du PAM.

Gentille partage maintenant ce qu’elle a appris avec d’autres femmes d’Inke.  

« J’ai commencé à leur apprendre à mélanger les légumes et à faire du pondu qui est sain pour leurs enfants », dit-elle, en servant une portion de légumes fraîchement cuits. « J’espère que chaque enfant ici pourra mener une vie saine. » 

Les activités d’éducation nutritionnelle du PAM en RDC, en collaboration avec la FAO et l’UNICEF, sont soutenues par la Belgique, le Canada, l’Union européenne, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, la Corée, la Norvège, la Suède, la Suisse et les États-Unis.

Ph. PAM/Une dame et ses enfants