RDC: l’assassinat de Chérubin Okende "est un virage très dangereux que le pays vient de prendre à la fois sur le plan sécuritaire et sur le plan politique", note Trésor Kibangula, ancien journaliste et analyste politique

Photo d'illustration
Chérubin Okende

Ancien journaliste et analyste politique à Ebuteli (Institut congolais de recherche, partenaire du Groupe d’étude sur le Congo), Trésor Kibangula s'est exprimé sur l'assassinat du député national et ancien ministre des transports Chérubin Okende dont le corps a été retrouvé ce jeudi 13 juillet à bord de sa jeep devant le garage de Kinshasa en diagonale de la Direction Générale de la Société Pétrolière du Congo (SEP CONGO).

Pour Trésor Kibangula, ce drame à cinq mois des élections générales en République Démocratique du Congo conduit le pays dans un virage dangereux sur le plan sécuritaire et sur le plan politique.

"C'est comme un coup de tonnerre cette disparition brutale de Monsieur Chérubin Okende, on parle là d'un député national, ancien ministre pris dans son véhicule et se retrouve le lendemain mort. C'est donc un virage très dangereux que le pays vient de prendre à la fois sur le plan sécuritaire dans la ville de Kinshasa et sur le plan politique. C'est l'heure d'émotions, de la condamnation de cet acte lâche et barbare mais ce n'est pas encore l'heure de jugement", a indiqué à ACTUALITE.CD, Trésor Kibangula.

Et de poursuivre :

"Cette tragédie vient ajouter une dose de psychose dans un environnement sociopolitique déjà très incertain ici à Kinshasa et dans l'ensemble du pays. Elle met aussi en lumière le climat d'insécurité généralisé et à cinq mois des élections, elle soulève des préoccupations majeures sur l'exercice du jeu démocratique dans le pays, elle remet enfin gravement en cause le caractère apaisé et crédible des élections à venir. Comment peut-on encore caresser l'espoir des élections apaisées lorsqu'un opposant, député national de surcroît peut être abattu de la sorte, peu importe qui est l'auteur de ce crime et comment peut-on aller sereinement aux élections lorsque cette psychose que cet événement suscite, risque d'empêcher certains acteurs politiques à s'exprimer librement".

Moïse Katumbi, président du parti Ensemble pour la République dont M. Okende était porte-parole, n’y va pas par quatre chemins. Il parle d’un “assassinat politique”. 

"Je mesure la colère de ses proches et de son parti, je mesure la tristesse de sa famille politique et biologique, il faudra très rapidement s'assurer qu'une enquête impartiale, voire indépendante puisque la justice n'est pas le point fort de ce quinquennat comme l'a reconnu lui-même le Chef de l'État", a recommandé ce chercheur à Ebuteli.

Le gouvernement qui a qualifié d’acte inadmissible l’assassinat de son ancien ministre, annonce une enquete pluridisciplinaire à laquelle seront associés des services étrangers. 

La justice s’est saisie du dossier. Le procureur général près la Cour de cassation a indiqué qu’un proche du défunt est aux arrêts dans le cadre d'enquête. 

La veille de l'enlèvement de Chérubin Okende, son parti Ensemble pour la République avait dénoncé un « lâche enlèvement » intervenu « au parking de la Cour constitutionnelle » où il s’est rendu sur invitation du Juge Sylvain Lumu pour déposer une lettre demandant le report à vendredi, d’un rendez-vous avec le juge Sylvain Lumu qui l’avait précédemment convoqué ce jeudi « pour étudier et rédiger un rapport sur la déclaration écrite relative à votre patrimoine après votre départ du gouvernement ». Le député serait resté dans sa voiture préférant envoyer son proche déposer la correspondance au bureau du greffier. C’est pendant ce temps qu’il aurait été enlevé, selon les proches du défunt.

Chérubin Okende était haut cadre et porte-parole du parti de Moise Katumbi. Ce dernier s’est déclaré candidat à la présidentielle de décembre prochain. C’est un climat de terreur qui règne dans la capitale et dans certaines villes du pays à moins de six mois des élections. Plusieurs opposants dont Salomon Kalonda, le conseiller spécial de M. Katumbi, le député Mike Mukebayi, aussi membre du parti Ensemble pour la République, l’ancien député et proche de Katumbi, Franck Diongo  sont aux arrêts.

Clément MUAMBA