Assassinat de Chérubin Okende : entre peine, profond regret et colère au domicile de l’infortuné, sa famille n’en revient pas

L'entrée de la résidence de Chérubin Okende sur l'avenue Mont Fleury à Kinshasa
L'entrée de la résidence de Chérubin Okende sur l'avenue Mont Fleury à Kinshasa

La désolation est totale, la tristesse est à son comble, des larmes tombent ce jeudi 13 juillet dans la famille du député national et ancien ministre des transports, Chérubin Okende. La nouvelle de son décès par assassinat a brisé des coeurs. Rien ne calme les membres de sa famille réunis au domicile de l’illustre disparu, à Kinshasa, dans la commune de Ngaliema, au quartier Joli Parc.

La parcelle est bondée de monde à l’intérieur comme à l’extérieur, une centaine de personnes sont sur place. Parmi elles, des agents du ministère des transports qui se sont joints à la famille. Les pleurs s'entremêlent, des témoignages fusent dans les larmes. Un homme bien, qui n'insulte personne, qui part comme dans un rêve, peut-on entendre. Personne n’en revient.

"Pas lui, vraiment pas lui. Papa, nos coeurs sont brisés. Chérubin n'insulte pas. Chérubin a abandonné les prestiges du pouvoir, les honneurs, la sécurité, Okende tu m'a tué. Les voleurs qui détournent l'argent du pays sont libres, seulement Okende", peut-on encore entendre sur place.

La douleur est vive, une plaie vient de se créer. Sa cicatrisation risque de ne pas arriver dans ce siècle. La famille est inconsolable.

"Esprit de Lumumba, Okende un homme gentil, un homme bien, Chérubin pourquoi tu as fait ça ? Il fallait le mettre même en prison, pas le tuer comme ça, les scènes que nous voyons dans le film nigérian", dit une dame en pleurant.

Le député national Chérubin a été assassiné après son enlèvement la veille par des hommes armés. Son corps a été retrouvé ce jeudi 13 juillet à bord de sa Jeep Lexus Super Sport immatriculée 8953AF/19 devant le garage de Kinshasa, en diagonale de la Direction Générale de la Société Pétrolière du Congo (SEP CONGO).

Près de 30 minutes après le départ du corps de Chérubin Okende, un bus de la Police est venu remorquer ledit véhicule et une moto trouvée à côté. Selon un des officiers des FARDC qui était sur le lieu, ces engins sont acheminés au niveau de l'auditorat militaire pour enquêtes. La dépouille de l’illustre disparu a été acheminée à l'hôpital du cinquantenaire.

Chérubin Okende était haut cadre et porte-parole du parti de Moise Katumbi qui, lui, s’est déclaré candidat à la présidentielle de décembre prochain. C’est un climat de terreur qui règne dans la capitale et dans certaines villes du pays à moins de six mois des élections. Plusieurs opposants dont Salomon Kalonda, le conseiller spécial de M. Katumbi, le député Mike Mukebayi, aussi membre du parti Ensemble pour la République, l’ancien député et proche de Katumbi, Franck Diongo  sont aux arrêts.

A ACTUALITE.CD, Jonas Tshiombela, coordonnateur de la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC), appelle le gouvernement à faire la lumière sur cette affaire. Il est allé plus loin en demandant que les acteurs de la société civile voire ceux de la famille politique de Chérubin Okende soient associés dans la commission d’enquête qui aura pour mission de se pencher sur ce dossier.

"Nous condamnons avec la dernière énergie cet assassinat dont les explications tardent à venir. Nous demandons aussi qu’une commission d’enquête composée des acteurs de la société civile, des acteurs étatiques et aussi de sa famille politique soit associée pour que toute la lumière soit faite et que les coupables répondent de leur forfait", a dit Jonas Tshiombela.

La veille du meurtre de Chérubin Okende, son parti, Ensemble pour la République, avait dénoncé un "lâche enlèvement" intervenu "au parking de la Cour constitutionnelle". Son corps, taché de sang, a finalement été extirpé de sa voiture par la police scientifique en présence des éléments de l’armée.

Ivan Kasongo et Emmanuel Kuzamba