Les consultations initiées par la Commission électorale nationale indépendante auprès des leaders politiques de l'opposition politique a suscité des réactions dans l'environnement sociopolitique congolais. L’opposition remet en cause notamment le fichier électoral qu’elle juge non fiable et exige son audit par un cabinet international réputé pour besoin d’indépendance. Ces échanges initiés, d'après la CENI, ont pour but d'explorer des solutions réalistes pour un processus électoral plus inclusif. Cette démarche crédibilise-t-elle le processus électoral ?
Pour l’organisation de la société civile électorale “Agir pour les élections transparentes et apaisées (AETA)”, ces consultations vont dans le sens de crédibiliser le processus électoral en cours en République Démocratique du Congo
"Ça fait partie du processus de crédibilisation du processus électoral, du moins ça a un caractère inclusif parce que quand on parle des élections démocratiques, transparentes et apaisées, il faut mettre l'accent sur l'inclusivité des parties prenantes dans le processus et les compatriotes qui sont allés rencontrer les responsables de la CENI c'est l'expression même de crédibiliser le processus électoral, c'est l'expression de donner un caractère inclusif au processus électoral. Nous pensons que ça fait partie de la crédibilité, ça donne un tampon de crédibilité au processus électoral. Ce sont des initiatives à encourager pour les uns et les autres parce qu'elles apportent quelque chose qui puisse améliorer le processus électoral", a dit à ACTUALITE.CD Jérôme Bonso de l'AETA ce mardi 4 juillet 2023
De son côté, la Synergie des missions d'observation citoyenne des élections (Symocel) voit les choses autrement. Son coordonnateur, Patrick Tambwe, indique que tout ce qui est reproché par la CENI ne sera pas lavé par ces consultations.
"Le processus a des principes ou des standards pour lesquels il obéit. La crédibilité a plusieurs facteurs il y a notamment l'inclusivité. Il n'y a pas très longtemps un des candidats à la présidentielle Martin Fayulu avait émis des réserves par rapport à sa participation. Tout ce qui était reproché à ce processus ne sera pas lavé en une seule rencontre, donc il y a des forces et faiblesses par rapport à ce processus mais cet esprit d'ouverture est de permettre aux différentes parties prenantes dont les leaders de l'opposition politique de pouvoir échanger sur les questions qui fâchent, c'est une contribution à la crédibilité mais ça ne crédibilise pas d'office, ça contribue à cette crédibilisation par le fait de chercher un consensus sur la manière de conduire le processus puisque nous ne sommes pas loin des élections prévues le 20 décembre 2023", a réagi le coordonnateur national de Symocel.
Esprit d'ouverture de la CENI mais des revendications mal orientées
Le président de la Nouvelle société civile congolaise, Jonas Tshombela a salué l'esprit d'ouverture de la CENI et considère que certaines revendications ne doivent pas être adressées à la Commission électorale nationale indépendante au regard de leurs caractères politiques.
"Il n'y a jamais eu en Afrique un processus électoral qui ne peut pas être décrié. Nous pensons que ce que la CENI fait, c'est une grande ouverture, il appartient aux uns et aux autres de mettre de l'eau dans leur vin pour voir l'intérêt supérieur de la population pour que le processus puisse avancer. L'idéal, c'est d'avoir un processus inclusif", a dit à ACTUALITE.CD Jonas Tshombela.
Et de poursuivre :
"Certaines revendications qui sont soulevées ne relèvent pas de la compétence de la Commission électorale nationale indépendante. Nous attirons l'attention des leaders politiques de l'opposition, certaines revendications sont d'ordres politiques peut-être qu'il les ont orientées à l'endroit qu'il ne fallait pas. Ne faut-il pas recourir aux instances politiques pour trouver certaines solutions politiques ? La CENI n'a que le mandat d'organiser le référendum et les élections, en dehors de cela, elle n'a pas pas mandat de dialogue ni de faire autre choses que cela".
Élargir le cadre de concertations avec d'autres parties prenantes
Au regard des questions importantes liées au processus électoral, la Symocel est favorable à l'élargissement des consultations à d’autres parties prenantes.
"Normalement, nous en tant que société civile évoluant dans le domaine électoral nous avons toujours préconisé la tenue régulière de ce qu'on appelle le cadre de concertation dans un fonctionnement qui répond aux standards en matière électorale internationaux, cela aurait été le lieu privilégié pour échanger autour de toutes les préoccupations et avancer sur le même diapason avec la Commission électorale nationale indépendante. Malheureusement on a assisté à des rencontres où la CENI convie les gens à venir écouter ce qu'elle avait à dire et puis quelque jeu des questions réponses et elle appelait ça cadre des concertations. Nous avons toujours contesté ce format là" a fait remarquer Patrick Tambwe.
Pour l’AETA, tout dépendra de la CENI qui a déjà mis en place un cadre de concertation régulier avec les parties prenantes.
"L'opposition fait partie des parties prenantes au processus électoral. Donc l'opposition seule n'est pas partie prenante, il y a d'autres parties prenantes au processus électoral. Si la CENI suggérait qu'il était nécessaire et utile de consulter d'autres parties prenantes, il est dans l'obligation de le faire de sorte que ensemble, la concertation des idées qui vont sortir des uns et des autres vont contribuer à permettre à la CENI d'introduire les facteurs correctifs dans la gestion du processus électoral. Nous avons tous intérêt avec le cadre de concertation que la CENI a érigé avec les parties prenantes, nous pensons qu'il peut continuer sur cet élan de sorte que les élections puissent être un rendez-vous apaisé", a soutenu Jérôme Bonso.
Pendant ce temps, le train électoral ne s’arrête pas. Les Bureaux de réception et de traitement des candidatures (BRTC) ouverts le 26 juin dernier continuent de recevoir les dossiers de candidature pour la députation nationale. Après cette étape, il y aura réception des candidatures des députés provinciaux jusqu'à l'élection présidentielle.
Clément MUAMBA